Voyager a ses bienfaits. C’est ce que se tue d’expliquer le collaborateur de Maurice Kamto qui estime que son parti est bien taillé pour prendre dorénavant les choses en main. Quant à Paul Biya, Claude Wilfried Ekanga puisque c’est de lui qu’il s’agit, il lui inflige une nouvelle honte.
« L'art du voyage. La formation politique. Vous ne pouvez pas être un bon politicien si vous ne voyagez pas. D'ailleurs de manière absolue, vous ne pouvez pas avoir une parfaite vivacité d'esprit si vous ne voyagez pas.
Quel que soit votre niveau d'intelligence ou vos diplômes, si vous ne connaissez qu'un seul pays, une seule ville ou un seul village, vous aurez toujours un gros désavantage par rapport à celui dont les yeux explorent d'autres contrées, d'autres cultures, d'autres univers.
C'est le syndrome de l'horizon limité. Attention : cela ne signifie pas que les nomades sont automatiquement meilleurs que les sédentaires ; mais les nomades bénéficient d'un plus grand nombre de possibilités qui, s'ils savent s'en servir, les rendent meilleurs par la force des choses.
Par exemple, ceux qui n'ont jamais quitté Douala de leur vie trouveront que le deuxième pont sur le Wouri est très beau et que "le pays avance", pendant que ceux qui ont vu d'autres villes de ce monde remarqueront que ce fut une absurdité gargantuesque de construire un pont à 10 mètres du précédent, et qui partage le même carrefour.
Ça n'existe dans aucun pays sérieux du globe, puisque le but d'un pont supplémentaire est précisément de réduire les engorgements. Or à Douala, grâce au deuxième pont, les embouteillages sont plus nombreux qu'avant. C'est une prouesse monumentale comme seul le Cameroun sait en produire.
Dans le rétroviseur. Voilà pourquoi il est important de voyager. Ça permet de ne plus s'extasier devant un banal escalator comme on a pu le voir au Grand Mall, et ça épargne le ridicule de voir des autorités administratives aller inaugurer un simple distributeur de billets entourés d'une foule de badauds, comme on l'a vu avec celui de la Société générale, inauguré en 2019 à Yaoundé avec coupure de ruban à l'appui.
Ce sont des images honteuses qui vous font paraître pour des broussards primitifs. Au XXIe siècle, le monde n'en est plus à ce niveau depuis longtemps. Aujourd'hui, les hommes parlent de conquête spatiale, d'exploration de Mars, d'hyperloop, d'intelligence artificielle et d'aéronefs automatiques pouvant décoller et atterrir sans pilote.
Comment vas-tu expliquer le concept de "fil caténaire" ou de "motorisation répartie" à quelqu'un qui n'a jamais vu un tramway ou un Shinkansen ? Ce n'est pas qu'il manque d'intelligence ; c'est simplement qu'il n'a pas pu se rendre là où les tramways et les Shinkansen existent pour savoir de quoi tu parles.
La plupart des écrivains les plus inspirés d'Afrique ont au moins une fois quitté leur cocon natal : Wole Soyinka, Mongo Beti, Cheikh Anta Diop, Cheikh Amidou Kane, Théophile Obenga, etc. Et comme je le soulignais hier, le programme d'échange européen "Erasmus" est un hommage au philosophe néerlandais Erasme, illustre pèlerin féru de culture : Angleterre, Italie, France, Suisse (où il mourra d'ailleurs, à Bâle, en 1536).
Ses voyages lui auront fourni le contenu à sa production colossale constituée de correspondances, de poèmes, de citations et de déclamations, telles que son œuvre phare, "l'Éloge de la folie" parue en 1509. Très instruit et polyglotte, il sera par ailleurs le premier à sortir le Nouveau Testament en langue grecque sous forme de livre publié, en 1516.
En parlant de religion justement : Jésus comme Mohammed étaient eux-mêmes des nomades invétérés. Il paraît que quand on demandait à Jésus où il habite, il répondait : "Les renards ont des tanières et les oiseaux ont des nids, mais le fils de l'Homme n'a pas un lieu où reposer sa tête".
Il faut voyager pour découvrir, apprendre, comprendre, s'éduquer et s'ouvrir à de nouvelles perspectives. Ni les livres seuls, ni les récits contés, ni internet, ne suffiraient à combler les avantages de l'exploration en présentiel. Demandez-vous pourquoi les grands de ce monde se déplacent toujours pour se voir, alors qu'en théorie une visioconférence suffirait.
[…] Voilà pourquoi je voyage comme je respire. Le mouvement du corps entraîne inévitablement le mouvement du cerveau. Autour de vous, la qualité de la discussion avec des gens immobiles sera souvent différente qu'avec des gens mobiles.
Par conséquent, je bouge, je cherche, j'apprends : je connais déjà le nombre de cailloux qu'il y a par terre en Allemagne, et le nombre de feuilles qui poussent sur les arbres en France. Actuellement je suis en train de compter les montagnes de Suisse. Et avant cela, j'avais déjà pris le soin de recenser le nombre exact de tribalistes compulsifs et de nazis domestiques qu'il y a dans mon propre pays, le Cameroun.
Je voyage, donc je suis […]. Il existe toutefois des voyageurs atypiques comme Paul Biya qui partent d'une prison (palais d'Étoudi) à une autre prison (Hôtel Intercontinental), au point où on se demande pourquoi il a voyagé. On appelle cela le "voyage astral". Car à ce niveau, c'est Eza-Boto et Opasa-Moto qui voyagent dans sa tête ».