Si le football permet à de nombreuses personnes dans le monde d'échapper à l'ennui, pour William Muluya, entraîneur adjoint au Kenya, ce sport a offert une échappatoire d'un tout autre genre, en l'éloignant d'une vie violente au cours de laquelle il a vu des amis et des coéquipiers mourir sous une "pluie de balles".
D'abord jeune gardien de but prometteur, cet homme de 37 ans s'est reconverti dans le coaching il y a près de vingt ans. Aujourd'hui, il assume la double fonction d'entraîneur principal des Kariobangi Sharks, club de première division kenyane, et d'entraîneur de l'équipe nationale masculine.
Mais la vie de Muluya aurait pu être très différente.
Il a grandi dans le quartier de Dandora, à Nairobi, où se trouve la plus grande décharge de la capitale kenyane, aux côtés d'un frère et des amis qui faisaient partie de gangs criminels.
"Pendant les vacances scolaires, beaucoup de mes amis étaient tués dans notre quartier", se souvient Mulaya, interrogé par BBC Sport Africa.
"C'était toujours douloureux de les voir gisant dans des mares de sang".
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Son sens de coaching s'est manifesté dès ses débuts, lorsqu'il remettait constamment en question les décisions de ses propres entraîneurs au sein de l'équipe junior Ajentos.
Muluya affirme que le métier d'entraîneur l'a sauvé d'une vie qu'il aurait pu "facilement" poursuivre aux côtés de son frère, Bernard Lugali.
"Le football m'a permis de m'occuper alors que j'aurais pu être dans la délinquance ou servir de rabatteur".
À la décharge de Dandora, d'autres garçons apprenaient à manier des armes et à organiser des vols dans le cadre de la lutte entre les gangs qui voulaient contrôler le réseau de transport public de Nairobi.
"J'ai vu mes amis et mon frère faire ce genre de choses et je me suis dit que pour réussir dans la vie, je n'avais pas besoin d'être impliqué".
"C'est pourquoi je n'ai jamais pris de drogue de toute ma vie".
Si son frère Bernard a survécu et s'est amendé, de nombreux coéquipiers de Muluya à Ajentos n'ont pas survécu.
"Sur un effectif d'une trentaine de joueurs, seuls cinq sont encore en vie", estime-t-il.
"Les 25 autres sont morts avant même d'avoir atteint l'âge de 20 ans, sous une pluie de balles".
Il a commencé à entraîner d'autres jeunes à l'âge de 15 ans et a également occupé les fonctions d'administrateur des arbitres et de représentant des services communautaires.
Grâce à sa position et à ses contacts, il pouvait même aider les victimes de la criminalité.
"Je servais souvent de bouclier à ceux qui se faisaient agresser ou voler par mes amis", explique-t-il.
"Souvent, j'ai entendu dire que des gens avaient été agressés et je suis allé chercher ce qui avait été volé et je l'ai rendu".
"Je peux encore le faire aujourd'hui grâce au respect et à la reconnaissance que j'ai gagnés dans la communauté par le biais du football".
"Je savais qu'il était destiné à la grandeur", dit Njoroge, qui pense que Muluya sera un jour sélectionneur du Kenya.
"Il est entraînable, travailleur, humble, patient, intelligent. C'est une personne honnête, qui sait prendre des risques et qui sait écouter.
Muluya s'efforce désormais d'accorder la même confiance à ses propres jeunes joueurs chez les Sharks.
"Entraîner de jeunes joueurs est une vocation".
"La confiance que je leur accorde est essentielle. Dans notre équipe actuelle, nous avons trois joueurs qui sont encore au lycée et qui jouent en première division".
"La philosophie de Firat prend déjà forme - la cohérence et la compréhension sont là", affirme Muluya.
"Nous avons identifié les meilleurs talents disponibles et la prochaine étape consiste à créer un lien entre eux et à les faire travailler en équipe. C'est un processus qui nécessite de la constance".
Alors qu'une Coupe d'Afrique des Nations devrait se tenir pour la première fois sur le sol kenyan en 2027, dans le cadre d'une candidature conjointe avec l'Ouganda et la Tanzanie, Muluya pense que la sélection nationale peut réaliser de bonnes performances et se réjouit à l'idée d'apporter sa propre contribution.
"Si la mère, la petite amie ou les enfants de quelqu'un regardent, qui ne voudrait pas donner le meilleur de lui-même ?"
"Je m'attends à ce que le Kenya réussisse, et ce sera un honneur pour moi d'être entraîneur adjoint à un moment aussi historique".