Dépossédés de leurs exploitations, 152 planteurs de la localité de Kouoptamo sont actuellement réfugiés dans la ville de Bafoussam et ses environs. Des maisons brûlées tandis que les propriétés sont revendues depuis quelques temps à de nouveaux acquéreurs par certains autochtones. Dans le même temps, le poison de la xénophobie se répand dans la région de l’Ouest.
Des hommes vêtus en treillis militaire, machettes, couteaux, flèches, sagaies et gourdins à la main. Des récoltes prises de force par les assaillants. Des semis détruis et des parcelles pulvérisées à l’herbicide ou piétinées. Des planteurs sommés de retourner «chez-eux». Des maisons incendiées et leurs habitants au pas de course pour éviter le pire. Des femmes violées du fait de leur appartenance à une tribu différente de celle des «autochtones».
Des motocycles et autres engins endommagés. Des policiers molestés et des armes confisquées par des populations. Nous ne sommes pas dans un pays en pleine guerre civile. Ces scènes se déroulent dans l’arrondissement de Kouoptamo, dans le département du Noun. Depuis le mois de juillet 2016, la localité est le théâtre d’une vague de violences xénophobes. Les victimes sont les planteurs ressortissants de l’ethnie Bamiléké.
Des «Allogènes et des envahisseurs» selon les propos tenus par certains interlocuteurs dans la localité. Le bilan n’inclus pas des pertes en vie humaine mais le pire n’est pas écarté. Depuis quelques jours, la violence a intensifié. A ce jour, six maisons ont volé en fumé. Les planteurs pris en grippe ce sont réfugiés, pour la plupart, chez des parents ou des connaissances dans la ville de Bafoussam et ses environs.
Certains parmi eux présentent des séquelles. Des blessures contractées lors des expéditions punitives emmenées par des personnes présumées aux ordres du nommé Mounsabe Mohamed, variablement présenté comme chef du village Kouopnkare et du nommé Nji Tanji. Tous de l’arrondissement voisin de Foumbot. Installés dans l’arrondissement de Kouoptamo depuis 50 ans pour la plupart, les migrants d’origine Bamiléké sont désormais la cible de certains de leurs concitoyens dit autochtones.
Exit les petites mésententes qui ont souvent divisé ces voisins, l’heure est à la guerre. Une chasse à l’homme liée aux convoitises foncières nourris par des chefs des localités voisines. De sources concordantes, l’actuelle fronde est menée par les nommés Mounsabe Mohamed, chef du village Kouopnkare- Fouchieya et Nji Tanji Mohamed, tous deux estimant avoir été spoliés des terres cédées par le défunt Nji Maloune. Une convoitise dénoncée par Ndam Ismaïla, héritier du défunt propriétaire des terres querellées. Des terres légalement acquises par les planteurs pourchassés au nom de la reconstitution de la «dynastie Nji Tanji» sur ses terres, comme le clame certains assaillants.
Soutien royal
Les antagonistes de cette affaire qui prend des proportions dans la région de l’Ouest évoquent souvent l’implication présumée du Sultan-Roi des Bamouns pour des raisons diverses. Pour les assaillants, les expéditions menées sur les propriétés de planteurs Bamiléké seraient cautionnées par le Sultan qui, selon les mêmes sources, auraient instruis à ces sujets de procéder à la récupération des terres exploitées.
Des assertions ni confirmés ni infirmés par l’entourage du Sultan-Roi des Bamouns. Approchées, quelques personnalités présentes dans le gouvernement du sultanat ce sont refusées à tout commentaire sur l’affaire. Une correspondance destinée au Sultan-Roi des Bamouns évoque néanmoins une audience entre le monarque et la Communauté Bamiléké de Kouopkaré-Koupara de Kouoptamo. Audience au terme de laquelle le Sultan aurait rassuré les plaignants. Des assurances ignorées quelques jours plus tard par la bande à Mounsabe Mohamed.
Pis, interpellés dans leurs exploitations, les planteurs seront conduis de force chez le nommé chez le nommé Mounsabe qui leur signifie sa décision de procéder à une nouvelle distribution des terres en incluant des autochtones malgré l’existence des titres fonciers et autres titres de propriété en leur possession. «Il a enfin demandé que l’on vienne à partir de lundi 05 septembre avec les certificats de vente ou les titres fonciers et une grosse somme d’argent comme avance de frais de location.» Indique la correspondance adressée au Sultan-Roi des Bamouns.
Une sollicitation visiblement sans effet. Face au refus des planteurs d’obtempérer à ses injonctions, le nommé Mounsabe Mohamed procède à la confiscation de terres qui seront redistribuées à des planteurs locataires. Au détriment des planteurs propriétaires qui sont chassés pour les plus chanceux tandis que certains domiciles seront incendiés. Au gré des interlocuteurs, certaines populations autochtones indiquent bénéficier du soutien du palais. La suite est contenue dans les différentes plaintes initiées par la Communauté Bamiléké de Kouopkaré-Koupara.
Selon ces sources, 152 propriétaires ont été chassés de leurs exploitations. Dans le même temps, indiquent-ils, 500 bornes ont été enlevées de l’espace à polémique. «Ces bornes ont d’abord été entreposées chez Mounsabe Mohamed puis transportées au sultanat» comme le soutiennent les membres de la Communauté Bamiléké de Kouopkaré-Koupara. Dans le même temps, les assaillants ce sont appropriés les récoltes disponibles qui ont été partagées et vendues par leurs soins.