Yanis Arnopoulos : comment Ngoh Ngoh contrarie les plans de l'héritier multimilliardaire

Le 13 mai dernier, le conseil d'administration du groupe Arno, présent au Cameroun depuis soixante ans, a officialisé le passage de l'entreprise familiale à la troisième génération. Anestis, le fondateur du groupe, a cédé la présidence de la société qu'il a créée en 1963 à son fils Jean-Jacques. Son autre fils, Alexis, a quitté son poste de directeur général pour laisser la place à son neveu, Yanis, indique Jeune Afrique.

Selon Jeune Afrique, à 32 ans, Yanis Arnopoulos, actuellement directeur général de la branche distribution du groupe, Duval Arno Distribution, nourrit de grandes ambitions. Il vise à transformer le groupe en une "entreprise d'un milliard de dollars" d'ici 2045. Pour y parvenir, le groupe, qui emploie actuellement environ 500 personnes au Cameroun, devra s'étendre au-delà de ses frontières actuelles pour s'établir comme une entreprise panafricaine, un objectif qu'il pense pouvoir atteindre dans les cinq prochaines années.

Yanis a gravi les échelons au sein de l'entreprise, commençant comme directeur commercial en 2015, puis directeur de la stratégie en 2018, et enfin directeur général adjoint en 2020. Bien qu'il soit le seul membre de sa génération à avoir rejoint l'entreprise jusqu'à présent, il estime qu'il y a de la place pour tous ses cousins et cousines, frères et sœurs, mais selon des normes et des critères bien établis.

Le groupe, bien que 100% familial, à en croire Jeune Afrique, ouvre son conseil d'administration et le capital de certaines de ses six filiales à des acteurs externes. C'est le cas, par exemple, de la filiale de distribution, rebaptisée Duval Arno Distribution après un partenariat avec le groupe Duval en 2022.

Yanis Arnopoulos vise à développer deux enseignes à travers cette joint-venture : But, une chaîne de magasins de meubles et d'électronique, et Intermarché, qui ouvrira son premier magasin à Douala vers le 20 juillet. Le jeune PDG, échaudé par les difficultés de Carrefour sur le marché local, prévoit de gérer cette transition vers l'industrie alimentaire avec prudence, "étape par étape".

Malgré sa discrétion, Yanis Arnopoulos est devenu l'un des leaders incontestés du secteur privé au Cameroun, où il préside la Chambre de commerce européenne (Eurocham), bien qu'il ne soit pas lui-même camerounais, la loi camerounaise n'autorisant pas la double nationalité. "Le jour où j'y serai autorisé, je serai le premier à demander la nationalité camerounaise", promet-il.

Pour l'instant, Yanis Arnopoulos se concentre sur l'amélioration du climat des affaires à travers Eurocham. En novembre, il a mené une coalition pour faire pression contre l'obligation de visa pour les contrats des travailleurs étrangers introduite par la loi de finances 2023. Bien que les discussions avec le Premier ministre Joseph Dion Ngute et le tout-puissant Secrétaire général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, n'aient pas encore abouti, Yanis Arnopoulos ne baisse pas les bras.

Son réseau, hérité en partie de son grand-père qui était consul honoraire de Grèce à Douala, pourrait s'avérer bénéfique pour ses aspirations panafricaines.