La semaine dernière, les habitants du quartier Bonabéri, qui abrite l’une des zones industrielles de la capitale économique du Cameroun, sont restés sans électricité pendant quatre jours. A Yaoundé, la capitale du pays, l’heure est de nouveau au rationnement quotidien de l’électricité depuis plus de deux semaines.
Cette situation survient alors que la période d’étiage (premier trimestre), généralement caractérisée par la baisse du niveau des eaux dans les barrages, a été fort bien gérée grâce à la mise en eau partielle du barrage réservoir de Lom Pangar, chargé de régulariser les débits en amont de la Sanaga, fleuve sur lequel sont construits les plus importantes centrales électriques du pays.
Officiellement, la société Eneo, concessionnaire du service public de l’électricité, ne s’est pas exprimée sur ces interruptions répétées de la distribution de l’énergie électrique dans le pays, en plein début de la petite saison des pluies. Mais, une source autorisée à l’intérieur de cette entreprise contrôlée par le fonds d’investissement britannique Actis, soutient que «les perturbations observées dans le service électrique ces dernières semaines s’expliquent essentiellement par la forte croissance de la demande qui dépasse aujourd’hui les capacités du réseau.
Les ouvrages sont vétustes et surchargés, d’où des pannes régulières sur les réseaux de transport et de distribution».
70 MW de déficit à Oyomabang
A titre d’illustration, notre source révèle qu’entre le 15 février et le 12 mars 2016, cinq incidents majeurs sont survenus sur le réseau de distribution et de transport, privant de nombreux quartiers des villes de Yaoundé et de la région du Nord-Ouest d’électricité pendant plusieurs heures, voire des jours entiers. Le plus grave de ces incidents, survenu le 12 mars dernier, apprend-on, a mis hors service le poste de transformation d’Oyomabang, situé dans la banlieue de la capitale camerounaise, provoquant un déficit de près de 70 MW à Yaoundé.
Aussi, afin de limiter les délestages, Eneo, au sortir d’une réunion de crise tenue par son DG le 14 mars 2016 à Douala, apprend-on de bonnes sources, a-t-il pris la décision de commander de nouveaux transformateurs et de suspendre «tous les travaux de maintenance non critiques», notamment dans la capitale économique du pays où une bonne partie du réseau principal est en réhabilitation. Travaux qui impactent également la distribution de l’électricité dans les régions de l’Ouest, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Cependant, souligne nos sources, l’espoir de voir s’interrompre ces perturbations sur le réseau électrique camerounais au cours des trois prochains mois réside dans le démarrage des moteurs de la centrale thermique d’Ahala, que l’Etat du Cameroun a rachetée à la société Aggreko en 2015. D’une capacité de 60 MW, cet ouvrage remis en service le 10 juin 2015 au bout d’intenses tractations entre son propriétaire et le gouvernement camerounais, n’aurait finalement fonctionné que quelques semaines, avant d’être de nouveau arrêté.