Yaoundé: Tsimi Evouna offre 10 milliards à une société indienne

Casses Yaoundé Tsimi Evouna Le terrain urbain qui a jadis accueilli l’ex marché central a été cédé au groupe asiatique Mahima

Mon, 5 Feb 2018 Source: camer.be

Le terrain urbain qui a jadis accueilli l’ex marché central, situé face marché des fruits, puis l’ensemble des restaurants populaires baptisés « kossovo », a été cédé par le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, au groupe asiatique Mahima, pour la construction d’une « grande surface ».

Nous sommes pour ainsi dire en plein cœur de la capitale, et la Communauté urbaine avait comme à l’accoutumée subitement déguerpi les petits commerçants nationaux pour, disait-il alors, y édifier un complexe ultra-moderne et des logements, assortis de toutes sortes d’équipements.

Une offre avait même été faite par un investisseur potentiel à concurrence de 45 millions d’euros. Décryptages sur une affaire qui put déchéance et corruption.

Mahima pourrait désormais s’installer à l’ancien marché Sho, situé précisément dans l’espace autrefois appelé respectivement, « Marché de salades » ou puis « Kossovo ». En témoigne la clôture de chantier entièrement visible autour du terrain urbain acquis par Mahima auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé. Le permis de bâtir lui ayant été attribué, l’entreprise commerciale va donc engager les travaux de construction d’un « complexe commercial ». En visionnant les plans architecturaux, qu’il a été donné de découvrir, Mahima va y construire un grand hangar et un bâtiment annexe, qui serviront selon toute vraisemblance de bureaux administratifs.

Les travaux qui portent sur un espace d’environ un hectare, sont en phase de démarrage. Et selon des sources introduites, la société Mahima tient à ce que les travaux aillent plus vite. Pressés parait-il, par son actuel bailleur du Complexe commercial de l’immeuble Capitole à Yaoundé, où une de ses grandes surfaces est installée, les responsables du groupe asiatique ont multiplié les recherches et les contacts avant de tomber sur ce qui est considéré comme une véritable aubaine offerte par Gilbert Tsimi Evouna en personne. Alors comment le groupe Mahima a-t-il pu acquérir cet espace qui pourtant était destiné à un projet public plus ambitieux, à savoir la construction d’un complexe commercial et de logements en partenariat avec la Communauté urbaine de Yaoundé pour un coût de 45 millions d’euros, soit environ 30 milliards de FCFA?

A titre locative

Des responsables du groupe Mahima que nous avons contactés, tout en confirmant le futur déménagement pour le lieu indiqué ci-dessus après la fin des travaux de construction, se sont montrés avares en confidences sur les conditions d’acquisitions du terrain de l’ex marché-Sho. Un employé un peu plus disert a laissé glisser cette information : « nous avons acquis le terrain. Renseignez-vous à la Communauté urbaine».

À la citadelle de l’ancien stade hippodrome, le sujet est tout simplement tabou. La plupart des cadres contactés ne tiennent pas à en parler ouvertement. Mais après plusieurs atermoiements un haut cadre du service technique explique : « C’est vrai qu’il a existé un projet de construction d’un Complexe commercial et de logements. Pour le coût que vous avez indiqué à savoir 45 millions d’euros. Mais le promoteur est décédé. La Communauté urbaine de Yaoundé a donc cédé l’espace à la société Mahima qui en a exprimé le besoin à titre locatif. Voilà la réalité ». Soit !

Mais que ce soit la location ou l’achat, dans le fond comme la forme, le problème demeure. Il faut dire que le coût du terrain à cet endroit précis de la ville est connu. Le mètre carré revient au minimum entre 600 mille et 900 mille FCFA le m2. Un exemple : au lieu Hippodrome, le terrain qu’occupe le célèbre restaurant « Le Biniou », et une institution bancaire bien connue, à proximité, a été négocié à 2 millions de FCFA le m2, et cédé à 2 millions de FCFA le m2, dernier offre. Tout calcul fait, le prix d’achat réel du terrain que la Communauté urbaine a cédé à titre locatif à Mahima, portant sur un hectare, s’élève donc à près de 10 milliards de FCFA.

Permis de bâtir au forceps

L’obtention du permis de bâtir octroyé à la société Mahima se serait déroulé aux forceps. La commission d’attribution du permis de bâtir de la Communauté urbaine a été présidée par le 6ème adjoint au délégué du gouvernement, le nommé Jean Ngougo.

Elle comprend des représentants de diverses administrations publiques telles que le ministère des travaux publics, le ministère du développement urbain et de l’habitat, pour ne citer que ceux-là. Selon des sources proches du dossier, tous les membres de cette commission étaient contre l’attribution du permis de bâtir à Mahima. Sauf le président de ladite commission, le 6ème adjoint du délégué du gouvernement, Jean Ngougo, (connu comme étant un proche de Gilbert Tsimi Evouna), qui a réussi à attribuer le permis de bâtir à la société Mahima.

La question est désormais celle de savoir pourquoi, et au prix de quoi, la Communauté urbaine de Yaoundé, et son délégué ontils tenu absolument à céder ce terrain à la société Mahima, alors que le projet initial qui devait être implanté sur le terrain était encore reprogrammable malgré le décès de son promoteur ? Et puis, qu’est-ce que Mahima va donc exactement construire sur ce site de véritablement innovant, en dehors d’un grand hangar et de quelques parkings extérieurs pour permettre à ses clients de garer leurs véhicules ?

Loin d’être accusé de chauvinisme, tout le monde sait que la société Mahima est de capitaux étrangers, et vendent en grande majorité des produits étrangers. Si tant était que Tsimi Evouna et ses collaborateurs voulaient absolument céder le terrain à titre locatif, pourquoi ne pas encourager les investisseurs nationaux et bien d’autres groupe camerounais qui pratiquent le commerce de grande surface ?

Dans cette opération de cession à titre locatif d’un terrain d’une si grande valeur foncière, pour y construire quelque chose qui pourrait bien être du provisoire définitif qui a été offert à Mahima, et qui sent une grosse corruption, il y a lieu de souhaiter un sursaut des pouvoirs publics afin de reconsidérer les termes de références de ladite opération.

Source: camer.be