Le chef de poste a pris cette mesure arbitraire en prétendant combattre la négligence des parents au sein du marché.
Il est évident qu’un tout petit qui vient à peine de découvrir les merveilles de la marche voudrait autant que possible parcourir son environnement pour explorer tous ces petits coins vers lesquels les bras des plus grands ne l’ont pas toujours conduit. C’est ainsi que la jeune Habiba mère de jolies jumelles âgées de deux ans, et couturière au marché d’Essos a vécu sa journée la plus traumatisante depuis qu’elle s’est installée dans ce centre commercial de l’arrondissement de Yaoundé 5e. Arrivée au marché très tôt le matin comme à l’accoutumée en compagnie de ses deux fillettes, Habiba installe sa machine et se met au travail car il faut satisfaire les clients qui ont passé leurs commandes quelques jours plus tôt et qui seront là dans quelques heures pour retirer leurs habits. Pendant ce temps les jumelles courent ça et là, en effet depuis leur naissance il y’a deux ans, elles ont été littéralement adoptées par les collègues de leur mère. Cette dernière ne peut que les traîner avec elle car n’ayant pas les moyens de s’offrir le luxe de payer une baby-sitter. Son conjoint, taximan dans la ville de Yaoundé fait de son mieux pour subvenir aux besoins de sa petite famille. Mais à un moment donné Habiba qui contrôlait ses filles des yeux entre deux coups de pédales à sa machine, ne voit plus subitement ses deux raisons de vivre. La nouvelle de la disparition des jumelles se répand comme une traînée de poudre. Toutes les dames du hangar des couturières partent à leur recherche.
Au moment d’aller signaler leur disparition au poste de police, grande est la surprise d’Habiba de trouver là ses deux petits bouts de choux. En voulant les serrer dans ses bras question de se rassurer, elle est stoppée dans son élan par le chef de poste qui lui aurait fait comprendre que les choses ont changé au marché « le poste de police du marché n’est pas une garderie d’enfants, désormais pour chaque enfant retrouvé, vous verserez 12000 Fcfa. Et comme vous en avez deux, cela fera 24 000 Fcfa». La jeune femme éclate en sanglots et supplie l’officier de police en ces termes «mon père s’il vous plaît je n’ai pas d’argent, si vous pouvez seulement m’aider par la grâce de Dieu.» Malheureusement le chef de poste serait demeuré impitoyable « je vais te passer à tabac avant de te conduire au commissariat si tu n’as pas ce que je t’ai demandé. » Habiba fait alors appel à son mari qui à cette heure de la journée n’a même pas encore glané dix mille francs. L’officier aurait refusé l’offre du mari d’Habiba, il aura fallu donc que toutes les titulaires du hangar des couturières procèdent à une collecte pour compléter le peu d’argent que l’époux d’Habiba a apporté. L’argent étant versé, les jumelles ont été libérées sans reçu.
Cependant certaines sources ont fait état de ce que les jumelles auraient en réalité été conduites au poste de police par un certain Ignace qu’elles avaient suivi aveuglément parce qu’elles le connaissaient. Or le garnement allait remplir le deal qu’il aurait signé avec les agents du poste de police. Sur 24000 Fcfa combien aurait-il reçu au point de plonger toute une famille dans les dettes et le désarroi. Ignace, selon les mêmes sources se fait passer pour un ‘’apacheur’’, en d’autres termes un démarcheur au sein du marché. L’homme n’a ni comptoir, ni marchandise mais plane comme un rapace au dessus des têtes des pauvres enfants. Alors mesdames faites gaffe