Yaoundé : le casse-tête de MESSI ATANGANA

MESSI ATANGANA

Wed, 6 Dec 2023 Source: www.camerounweb.com

Aidé par les forces d l’ordre, le maire de la ville de Yaoundé a lancé une opération de lutte contre les marchés spontanés et l’occupation illégale des emprises des chaussées. Mais, à peine nettoyés, ces espaces publics sont dès le lendemain de nouveau occupés, obligeant l’autorité municipale à un éternel recommencement.

Ça se passe ce mardi matin au quartier ministériel, dans un espace compris entre le ministère des Finances et l’immeuble « Rose » qui abrite, entre autres, le ministère du Commerce. Dès les premières heures de la matinée, le lieu, qui devrait servir de parking, est occupé dans le plus grand désordre par des gens quimènent toutessortes d’activités : vendeurs ambulants de café avec leurs portes charges, vendeuses de beignets et de haricot, des braiseuses de poissons, toutes sortes de petits commerçants qui proposent des vêtements et des chaussures. Bref, c’est un véritable marché qui s’est installé ici.

Puis, subitement, c’est le branle-bas. Comme pris de panique, les occupants des lieux se dispersent et, comme par miracle disparaissent. Quelques-uns parmi eux trouvent refuge dans le parking du ministère du Commerce en se cachant derrière les voitures garées. C’est que l’alerte a été donnée. Une escouade de policiers et d’agents municipaux vient de faire irruption sur les lieux avec pour mission obliger les occupants à libérer cet espace en se saisissant au besoin de leurs marchandises. Ces agents agissent dans le cadre d’une opération lancée depuis quelque temps par la Ville de Yaoundé pour lutter contre ce qu’il est convenu d’appeler désordre urbain, et que nous avons, il y a tout juste deux semaines, identifié avec la dégradation de la voirie urbaine, l’envahissement de la ville par les ordures ménagères, l’insuffisance de l’éclairage public, l’inexistence d’un système de transport en commun de masse, comme étant l’une des plaies dont souffre la ville siège des institutions républicaines.

La timide adhésion des populations

Dans le cadre de cette opération, on a vu lemaire Luc MESSIATANGANA, les maires des communes d’arrondissement ainsi que les autorités administratives du département du Mfoundi conduisant des troupes chargées de démolir tout ce qui encombre les trottoirs et les emprises des chaussées. En fait, l’on n’est pas à la première tentative de nettoyer la capitale du Cameroun de tout ce qui lui donne des allures d’un immense capharnaüm et qui fait qu’elle ne présente pas le visage d’une ville moderne. Les autorités municipales ont, pour ce faire, créé une direction chargée de la lutte contre le désordre urbain et se sont attachées les services de la police. Leurs propres agents, connus sous le sobriquet peu valorisant d’« awaras », sont commis au quotidien à cette tâche. Avec un succès relatif. Le fait est que les Yaoundéens eux-mêmes ne semblent pas prendre conscience de la nécessité de lutter contre le désordre urbain qui se manifeste ici sous diverses formes, chacun y contribuant à sa manière. En plus de l’encombrement des trottoirs et de la création des marchés spontanés, tout semble contribuer à faire de la ville le siège du désordre urbain : occupation anarchique de la chaussée par les conducteurs de motos-taxis, interminables bouchons en particulier aux heures de pointe, non-respect du code de la route, comportement incivique des usagers de la route, garages en plein air, prolifération des débits de boissons qui distillent à tue-tête les musiques les plus bruyantes jusqu’aux heures les plus avancées de la nuit, etc. À cela vient se greffer le sempiternel problème des ordures ménagères qui encombrent parfois y compris la voie publique. La lutte contre le désordre urbain ne rencontre malheureusement l’adhésion de tous. Elle est malheureusement perçue par certains comme la répression des gens qui se « débrouillent » pour trouver leur pitance quotidienne dans un environnement où la pauvreté a fait son lit. Et, face aux opérations menées par les autorités municipales, on enregistre souvent des réactions défavorables du genre : « Vous voulez qu’ils aillent voler ? ». Des réactions qui contraignent les autorités municipales à mettre la pédale douce, ou à se limiter à quelques opérations « coup de poing », plutôt que de la rendre systématique. Il faut craindre que le phénomène du désordre urbain soit, dans le contexte actuel, difficile sinon impossible à éradiquer à Yaoundé.

Source: www.camerounweb.com