La somme d’argent représentant les avances des bons de commande d’un marché de livraison des boîtes de sardines et des sacs de ciment au MINDEF. Le militaire a plaidé coupable, tandis que ses trois coaccusés ne comparaissent pas.
M. Ousman Boukar semble devenir un abonné du Tribunal militaire de Yaoundé (TMY). Après sa condamnation en 2018 à 1 an d’emprisonnement ferme dans une affaire de faux et usage de faux, l’homme est de nouveau devant le TMY. Il répond cette fois, avec trois autres personnes, des faits présumés d’escroquerie, d’usurpation de titre, de complicité d’escroquerie et de violation de consignes. M. Ousman Boukar est dans le box des accusés avec M. Adabawa Tchemen, M. Latissou Joseph et M. Njoya Kanoudi.
Selon l’accusation, les mis en causes ont usé de manœuvres pour récupérer l’argent au centre du procès entre les mains d’un certain M. Souleymane Issa, un homme d’affaires. Pour parvenir à leurs fins, ils lui auraient miroité de prétendus marchés déclinés en 7 bons de commandes qui portaient sur la livraison, au total, de 2000 cartons de sardines et 510 sacs de ciments au ministère de défense (MINDEF). Le 13 octobre 2021, M. Ousman Boukar a plaidé coupable pour les faits qui lui sont reprochés en l’absence de ses trois coaccusés, qui ne comparaissent pas.
Le Commissaire du gouvernement (ministère public) raconte qu’en septembre 2020, M. Souleyman Issa avait été invité dans une structure de micro finance située au quartier Olezoa à Yaoundé où il avait été reçu par M. Adabawa Tchemen et M. Latissou Joseph, présentés respectivement comme étant adjudant et adjudant-chef. Les deux hommes l’avaient alors introduit dans un bureau où il avait rencontré, en tenue militaire, M. Ousman Boukar, qui se passait pour le colonel Mohamad Bana, en service au ministère de la Défense. C’est alors qu’il lui sera proposé la réalisation des marchés correspondants aux 7 bons de commande. La somme de 45,5millions de francs lui sera exigée comme une avance sur la commission permettant de gagner les marchés en question.
Convaincu par le langage de son interlocuteur, M. Souleymane Issa va engager la livraison de 1000 cartons de sardines et 510 sacs de ciments quelques jours plus tard. Les cartons contenant la marchandise seront réceptionnés par les supposés adjudants. Seulement, l’affaire va tourner au fiasco quand l’homme d’affaires se rend compte que ses partenaires d’affaires ont déserté la microfinance. Il découvrira également que les 7 bons de commandes étaient faux. Déçu par cette mésaventure, M. Souleymane va saisir la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE). Les prétendus adjudants sont identifiés comme étant des usurpateurs. L’enquête va découvrir que les bons de commande querellés avaient été fabriqués par un certain M. Njoya Kanoudi.
Devant la justice, M. Ousman Boukar reconnaît les faits et déclare avoir déjà engagé le remboursement de la somme au centre du procès à hauteur de 5 millions de francs. Une déclaration qu’atteste M. Souleymane en précisant que le reliquat s’élève à 38 millions de francs. Dans ses réquisitions, le ministère public a demandé au Tribunal de déclarer les accusés coupables des faits qui leurs sont reprochés et de condamner M. Ousman Boukar à 10 ans de prison ferme. Quant aux autres accusés absents à l’audience, il requiert que le tribunal considère dans sa prise de décision, pour ce qui les concerne, leurs déclarations faites lors de l’enquête policière. La décision du Tribunal est attendue le 11 novembre prochain.