Ils sont de plus en plus nombreux, des personnes souffrant de démence qui, sans encadrement arpentent les rues de Yaoundé de jour comme de nuit.
Carrefour Obili, il est un peu plus de 15h. Une femme d’une quarantaine d’années avance tout droit vers la poubelle située à cet endroit. Elle est déchaussée, vêtue d’une robe sale. Entre ses mains, elle tient un paquet recouvert d’un vieux foulard. Devant ce bac à ordures, elle dépose son paquet à même le sol. D’un air égaré, elle se débarrasse de sa robe et du sous vêtement qu’elle porte, plonge dans une marre d’eau feignant de nager.
Ce spectacle se déroule sous le regard perplexe ou intéressé des passants et riverains qui n’osent dire mot ; certains esquissent un sourire amusé par ce comportement peu ordinaire. A quelques pas de là, c’est un homme qui a élu domicile dans un drain. Assis à même le sol, nus pieds, il est adossé sur un baluchon contenant ses effets personnels. Juste à coté, il a construit un foyer à l’aide de trois petites pierres sur lesquelles est disposée une vieille boite de lait vide.
« Il est en train de faire sa cuisine avec de l’eau tirée des égouts », ironise une commerçante du coin. « Il ne dérange personne ici. Par contre, il y a une autre folle qui passe souvent ici, lorsqu’on la voit, on recule d’abord parce qu’elle est très agressive. Souvent, elle arrache les cartables des étudiants de Ngoa-Ekelé », poursuit la vendeuse. On retrouve de plus en plus ces malades mentaux dans les rues de Yaoundé. Ce 07 juin 2017, le reporter a pu compter 08 cas sur le tronçon qui va du carrefour Obili au lieu dit « Polytech ».
Certaines personnes trouvent que c’est anormal parce qu’« ici nous sommes près de l’école et ils perturbent la tranquillité des enfants ». D’autres par contre, trouvent cette situation normale et accuse l’Etat qui ne prend pas de mesures d’encadrement pour ces malades abandonnés de tous.
Pratiques de sorcellerie
Ici l’on apprend des riverains que les malades mentaux ne sont pas pris en charge et que les maladies mentales ne sont pas très connues des Africains. Ces affections sont considérées comme la conséquence des pratiques de sorcellerie, des phénomènes mystiques.
La plupart du temps, c’est après avoir fait le tour des Eglises, des marabouts et autres que les familles décident enfin de consulter un spécialiste. En nous rapprochant des personnels de la santé, l’on apprend que l’absence de traitement peut entraîner la mort du malade mental.
Celui-ci est alors généralement abandonné par la famille qui ne veut plus s’en occuper. « C’est le cas de plusieurs fous qui sont actuellement dans les rues. Le traitement est très coûteux. Néanmoins, le centre Jamot est l’hôpital par excellence pour traiter ce genre de cas ». Aussi, il est scindé en plusieurs services, parmi lesquels le pavillon de psychiatrie réservé.