Christian Nguilambouhe, chef de service des prévisions météorologiques au ministère des Transports, et Esther Modi Mbog, ingénieur de la météorologie et responsable de la communication, se sont prêtés aux questions de journalistes pour apporter des réponses à la situation actuelle marquée par des précipitations précoces dans la cité capitale. Au cœur de la stratégie ministérielle sur la sensibilisation de la population sur le phénomène.
La survenue précoce de fortes précipitations dans la ville de Yaoundé au mois de février ne laisse personne indifférent. Sous les chaumières comme dans les milieux de débats, le sujet alimente les commentaires de toutes sortes. Tout le monde est unanime que les pluies sont de retour au moment où l’on s’attendait le moins. Au Ministère des Transports, des experts de la direction de la météorologie, face au phénomène, apportent des éclairages.
« Le premier phénomène de grande échelle est le front intertropical, qui est la principale structure qui régule les précipitations en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale dont au Cameroun. C’est une zone de discontinuité entre deux types de vents. Il y a un vent nord-est qui vient du Sahara assez sec et un vent humide qui provient de l’Océan Atlantique, qui est un vent sud-ouest. Ces deux vents qui ne se mélangent pas se rencontrent en un mouvement nord-sud, qui régule les précipitations en Afrique de l’Ouest et Afrique Centrale. Ce mouvement nord-sud est assez précoce par rapport à l’habitude. Il monte un peu plus que prévu. La dernière fois qu’on a essayé de l’observer, il se trouve au-dessus du Nord. Cela s’explique. L’atmosphère étant interconnectée, il y a plusieurs phénomènes qui entrent en jeu. Actuellement, il y a un réchauffement anormal des eaux de l’Océan Atlantique et autres qui sont perturbateurs. Il y a d’autres facteurs tels que les ondes atmosphériques qui sont des phénomènes qui viennent amplifier le phénomène de conversion », explique Christian Nguilambouhe, Chef service des prévisions météorologiques au Ministère des transports.
Selon l’expert, « ce phénomène qu’on vit maintenant n’est pas le même qu’avant. Il peut encore se passer dans 10 ans. Il faut que les scientifiques fassent des recherches sur ce phénomène qui touche notre système qui n’est plus quasi stable. Le véritable problème est anthropogénique. C’est vrai que depuis la création du monde, il y a des changements climatiques, mais la notion de changements climatiques est devenue marquant à cause de la révolution industrielle en Europe. Il y a des impacts à tous les secteurs d’activités, dans la vie, l’écosystème. Ce qui se passe dans les océans impactent la terre…».
Esther Modi Mbog, ingénieur de la météorologie et responsable de la communication, présente la stratégie mise en place par le Ministère des Transports pour sensibiliser la population : «Nous multiplions les communications avec les radios; nous avons des groupes de radios communautaires; nous avons créé des fora WhatsApp où nous publions des bulletins et où nous pouvons avoir des retours des usagers; nous avons des pages web, des pages YouTube où nous faisons des présentations météo pour ceux qui ne peuvent pas lire. Il y a des radios qui se chargent de les transmettre; il y a la CRTV qui se charge de les rediffuser. Donc, nous avons pour ambition de multiplier les partenaires médias avec lesquels nous travaillons, sur nos pages Facebook ceux qui peuvent rediffuser ce qu’on diffuse; nous avons des boîtes mail, un site web où on peut retrouver tous nos produits ».