Il a été arraché de son lit de malade par un commando d’hommes armés et ramené de force dans sa cellule au SED. Les médecins en charge de son suivi n’étaient pas consentants.
Yves Michel Fotso n’est pas à l’article de la mort. Mais sa vie n’est pas pour autant hors de danger. Il est en effet sevré de soins pour son état de santé encore préoccupant. Son séjour à l’hôpital général de Yaoundé ayant été interrompu brutalement alors que ses médecins traitants ne le jugeaient pas encore cliniquement libérable.
C’était le dimanche, 31 janvier 2016, lorsqu’une escouade de gendarmes armés jusqu’aux dents l’a arraché de son lit de malade et ramené de force dans sa cellule sise à la caserne militaire du secrétariat d’Etat à la Défense (SED) où il est en détention.
Rendu au sein de l’hôpital général de Yaoundé, le pavillon haut standing, logé au 3ème étage du bâtiment, en face du service d’oncologie, où le célèbre prisonnier était hospitalisé, baigne dans une ambiance de vie normale et de jour ordinaire. Usagers et corps médical déambulent librement. Aucune présence d’hommes en tenue. Le dispositif sécuritaire essentiellement constitué de gendarmes et autres éléments en civile qui avait investi les lieux a été démantelé. Mais on dirait qu’un mot d’ordre a été passé ici pour imposer un silence de mort autour de l’affaire.
Néanmoins quelques indiscrétions, dans l’ensemble pour marquer l’étonnement face à « une pareille injustice, une telle violence vis-à-vis d’un homme affaibli et malade de la part des autorités de ce pays », inhibent le reporter d’une lumière crue sur ce qui s’est passé. Indice déterminant, il est fait état de ce que l’hôpital n’a pas été consentant pour libérer le patient Fotso Yves Michel.
Ses médecins traitant avaient jugé bon de le garder sous observation en dépit de l’évolution satisfaisante de son état. Un médecin, redoutant les foudres de sa hiérarchie, explique sous anonymat que « le sujet n’était pas encore cliniquement stable. Il voguait de rechute en rechute brusque en apprenant les nouvelles, pas bonnes, de sa procédure au TCS lui parvenait. C’était par exemple le cas quand la justice a décidé de le juger en son absence pour cause de maladie, il a développé une hausse de tension anormale. C’est ce qui, entre autres, a amené le corps médical à s’entourer de cette précaution ».