Le tsunami annoncé et attendu n’a pas eu lieu. Et il s’agit davantage d’ajustements fonctionnels.
On attendait un raz-demarée, supposé emporter les « hommes de Mebe Ngo’o ». Mais le nouveau ministre de la défense s’est voulu sobre, même dans son tout premier mouvement à la tête du ministère de la défense. Il a privilégié les structures et leur fonctionnement, plutôt que les questions d’hommes, annonçant ainsi le style qui sera le sien aux commandes de la défense du Cameroun.
Les principaux directeurs ont été maintenus en poste : le colonel Kamgain Jackson au Génie militaire, le colonel Fouda à la Direction du Budget et des matériels, le colonel Badjeck à la communication, etc., preuve que le nouveau ministre est dans une toute autre logique.
Même les questions d’hommes ont été réglées tout en finesse, comme le Lt colonel Mboutou, chef du secrétariat militaire adjoint et proche de Mebe Ngo’o, qui hérite d’un joli exil doré au poste d’attaché militaire au Maroc. Un autre opérationnel qui part pour l’étranger, c’est le colonel Roger Kuitche, qui quitte le feu de l’action à Kousseri, pour aller comme attaché militaire au Nigeria. Certainement la mission militaire du Cameroun la plus délicate à l’étranger, compte-tenu des enjeux de sécurité actuels entre Yaoundé et Lagos.
Pour le reste, et dans ses nominations, on voit bien que le nouveau Mindef a surtout attaché des hommes à toutes les nouvelles structures de formation et d’aguerrissement qui ont été créées récemment, compte tenu des nouveaux enjeux sécuritaires. De jeunes chefs de bataillons ont été nommés dans ces centres d’instruction tout neufs, d’où ils seront attachés à former les recrues dont l’armée a besoin.
Dans ces nominations, on voit bien que Beti Assomo, qui vient de la préfectorale, a dû faire confiance à ceux qu’il a trouvé en place, en grande majorité. Mais il a tout de même dû mettre une touche personnelle, qui se perçoit ici et là : Alain Didier Olinga, le professeur de Droit, bien connu pour sa droiture scientifique, et qui n’a jamais cédé sur certains principes a été nommé conseiller technique du Ministre de la défense.
On comprend bien que le Mindef aura, en plus d’un certain nombre d’analyses, besoin de la froideur scientifique de cet homme. Autre choix remarquable, le lieutenant-colonel Emile Bamkoui à la sécurité militaire. L’ancien préfet, puis gouverneur, réhabilite ainsi définitivement un gendarme aux qualités reconnues, sans doute un ancien collaborateur, mais dont la carrière a failli sombrer, suite à un fait divers dont la chronique camerounaise se souvient.
Pour le reste, c’est un turnover normal dans une administration aux objectifs spécifiques