Des individus non identifiés armés de gourdins, de machettes et de pierres ont pris d’assaut des écoles et autres lieux de commerce.
Villes mortes par la force » ! Voilà la déduction que l’on peut aisément faire de la première journée dite morte dans les régions du Sud et du Nord-Ouest Cameroun. Le consortium de la société civile anglophone du Cameroun, auteur du mot d’ordre de grève dans la zone anglophone a eu du mal à se faire respecter hier. Certaines écoles et autres lieux de commerce des villes anglophones ont souhaité vaquer normalement à leurs occupations, ignorant ainsi le « ghost towns ».
C’est ainsi que plusieurs jeunes à Limbe et dans d’autres villes, ont repris le chemin de l’école. Mais, mal leur en a pris. Des individus dont les identités sont encore inconnues, les ont interceptés sur le chemin, sortis des salles de classe à coups de gourdins, de machettes et de pierres. Les images et autres vidéos de ces scènes d’une rare violence, font le tour des réseaux sociaux provoquant ainsi la désolation et la consternation auprès des internautes. On y voit des élèves le visage en sang, d’autres roués de coups, en pleurs et en panique.
Certains leaders d’opinion présents sur les réseaux sociaux n’ont pas hésité à condamner ces actes de barbarie : « Nous ne serons jamais d'accord avec ces manipulations et absence de respect rabaissant l'humain. Nous sommes pour le dialogue civilisé avec l'avenir de notre pays et continent. Entendez: nos enfants, nos élèves, nos étudiants. Nous demandons leur respect sans délai, leur protection immédiate à Bamenda et dans toute l'étendue du territoire camerounais. Nous demandons aussi que les auteurs de coups sur les élèves soient traduits devant un tribunal correctionnel», réagit un internaute.
Au moment où nous mettions sous presse, aucune présence sécuritaire n’avait été signalée. La ville morte devrait se poursuivre aujourd’hui, mardi 17 janvier 2017.Ces journées sont la résultante de l’échec des négociations entamées entre les représentants du gouvernement et les représentants des grévistes. Ils reprochent au gouvernement de ne rien faire afin d’apporter des solutions concrètes à leurs revendications.
Notamment la tenue d’un referendum pour définir la forme de l’Etat, ainsi que la libération des jeunes en détention. Il faut rappeler que 21 jeunes ont été libérés par les pouvoirs publics la semaine dernière, mais cette mesure est jugée insatisfaisante par le consortium qui exige la libération inconditionnelle de tous les jeunes encore en détention. Dans le même communiqué de presse, le consortium dénonce la très grande militarisation des régions anglophones et les exactions des forces de l’ordre à l’endroit des populations.
Ce énième mot d’ordre de ville morte qui paralyse les activités dans les deux régions anglophones annihile tous les espoirs de retour à la normale dans ces régions, ce d’autant plus que les élèves dont certains espéraient le retour dans les salles de classe cette semaine seront encore contraints de rester cloitrés dans leurs maisons durant plusieurs jours.
Toute chose qui fait de plus en plus craindre une année blanche pour les élèves de ces régions du pays, surtout qu’à la rentrée scolaire du second trimestre, certains responsables d’établissements privés confessionnels ont saisi les parents par SMS et communiqués dans lesquels ils invitaient ces derniers de ne pas envoyer leurs enfants dans les écoles, tant que toutes les conditions de sécurité ne seraient pas réunis.