Des indiscrétions par rapport à un remaniement ministériel à venir, deviennent de plus en plus persistantes ces derniers jours.
A en croire des sources introduites, l’assainissement devrait commencer à la tête du gouvernement, Paul Biya ne pouvant pas rentrer en campagne avec l’actuel premier ministre dont la cote de popularité est au talon, particulièrement chez ses « frères » anglophones. Ceci du fait de son incapacité à dénouer la crise qui sévit dans cette partie du pays depuis novembre 2016.
On se souvient que lors d’un déplacement à Bamenda - sa région d’origine, en décembre 2016, pour une tentative de recherche de solution à cette crise, la délégation de Philemon Yang avait échappé de peu à la lapidation, obligeant ses membres composés des autres ministres - essentiellement originaires de la région, et du secrétaire général du Comité central du Rdpc, à se réfugier dans un hôtel de la place.
De l’avis des politologues qui expliquent le choix présidentiel d’aller vers ce remaniement ministériel, c’est cette crise anglophone qui pourrait constituer le principal handicap à la campagne électorale du chef de l’Etat en 2018, les mesures prises jusqu’ici pour la juguler ne parvenant toujours pas à ramener la totale sérénité dans les régions anglophones du pays.
Après avoir créé la Commission pour la promotion du bilinguisme et le multiculturalisme, présidée par un Anglophone, après la création de la section de la Common law à l’Enam, après la désignation d’un Anglophone à la tête de la section judicaire de la Cour suprême, et après la décision présidentielle d’ordonner l’arrêt des poursuites contre certaines personnes arrêtées dans le cadre de cette crise, les conseillers du président lui auraient recommandé d’attribuer quelques portefeuilles de souveraineté aux Anglophones dans le futur gouvernement afin de marquer davantage son affection pour les ressortissants de cette région.
Et pour cause, en arrière fond des revendications des Anglophones, figure la question de leur marginalisation présumée au sein des strates décisionnelles de l’Etat. Une exigence que le chef de l’Etat serait encore disposé à satisfaire, à en croire quelques sources du sérail.
Des consultations auraient même déjà commencé en ce sens. Pour remplacer Philemon Yang à l’immeuble Etoile, des noms circulent dans le sérail. C’est le cas de Martin Chungong Ayafor - l’actuel secrétaire de l’Union interparlementaire, que quelques filons indiscrets présentent comme le futur premier ministre, même si d’autres sources évoquent aussi d’autres personnalités telles que Victor Mengot Arey - actuellement ministre chargé des missions à la présidence de la République, ou encore Paul Elug Che - ministre délégué auprès du ministre des Finances chargé du budget.
Toutefois, le premier ministre ne serait pas le seul à payer le prix de cette plus grande considération des ressortissants anglophones dans le prochain gouvernement.
Dans les salons feutrés de la République, on parle également du ministère de la Justice qui pourrait accueillir pour la 1ère fois à sa tête, un ressortissant anglophone. Des indiscrétions laissent entendre que pour remplacer le très loyal Laurent Esso, l’ancien gouverneur du Littoral - Faï Yengo Francis, aurait récemment été consulté à Yaoundé. Même si, selon d’autres fuites du sérail, le poste serait déjà réservé à l’ancien ministre délégué à la présidence chargé de la Défense - Remy Ze Meka qui, entre temps, s’est très rapproché de la famille présidentielle.
Seule certitude qui semble découler des indiscrétions autour du prochain titulaire du portefeuille de la Justice, Garde des sceaux, à défaut du poste principal, un ressortissant anglophone devrait occuper le fauteuil de ministre délégué. Et là encore, d’autres indiscrétions avancent des noms des plus insoupçonnés, à l’instar de Me Akeré Muna ou le magistrat Paul Ayah Abine.
Alors, le très loyal Laurent Esso pourrait être amené à faire valoir ses compétences ailleurs, après avoir déjà fait le tour de plusieurs départements ministériels, de la Santé publique à la Justice, en passant par la Défense, le Cabinet civil, et le Secrétariat général de la présidence de la République. Autre portefeuille pressenti pour un Anglophone, le ministère de l’Enseignement supérieur.
Ici, des noms circulent, à l’instar de celui du Pr Ngwafor - l’ancien recteur de l’université de Yaoundé 2, sans grande conviction. D’après les mêmes sources qui évoquent l’imminence de ce remaniement, des spéculations laissent entendre qu’entre les ministères de l’Education de base et celui des Enseignements secondaires, l’un d’eux devrait échoir à un autre ressortissant anglophone.
Pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat Néanmoins pour ceux qui l’évoquent, le futur remaniement ministériel ne serait pas destiné seulement à satisfaire les exigences des compatriotes anglophones. Selon certaines sources, le chef de l’Etat devrait saisir l’opportunité, non seulement pour procéder à des permutations au sein de l’équipe gouvernementale, mais aussi pour sanctionner ceux dont le rendement managérial n’offre pas les résultats escomptés. Dans cette logique, on dit que le poste de ministre directeur du Cabinet civil serait aussi dans le viseur de ce remaniement ministériel, tout comme le secrétariat général de la présidence de la République.
Néanmoins, les sanctions pourraient découler essentiellement du ministère des Sports et de l’Education physique où la gestion incompétente de la crise née des élections contestées à la Fécafoot, a débouché sur la désignation d’un Comité de normalisation à la tête de l’instance faîtière du football camerounais.
Paul Biya devrait profiter du futur remaniement, pour harmoniser et normaliser les relations entre le Cameroun et le Fifa d’une part, et avec la Caf d’autre part, dans son désir d’organiser la prochaine coupe d’Afrique des nations de football masculin. Bidoung Mpkatt ne serait pas seul à subir la colère du Prince à l’occasion de ce remaniement tant redouté.
D’aucuns parlent aussi du ministère des Arts et de la Culture qui retombe dans les travers de l’animosité avec les artistes, à la faveur de la récente création de la Sonacam - la Société nationale camerounaise de l’art musical.
La caution de Narcisse Mouelle Kombi pour cette structure qui divise plus qu’elle n’unit les artistes, est à l’origine de la grogne d’une franche d’artistes musiciens, qui désapprouvent l’action de leur ministre de tutelle.
Des spéculations qui vont bon train dans le sérail, dont la mise en application reste conditionnée par le pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat en matière de composition de l’équipe gouvernementale. D’ici au retour de Paul Biya de New-York, nul doute que la psychose ambiante née des appréhensions de ce remaniement sera davantage corsée.