Qui est Ossende Afana, l’intello abattu en pleine ascension

Ossende Afana Osende Afana

Thu, 12 Oct 2017 Source: Boris Bertolt

« Castor Osende Afana a été tué sur le pont de la Boumba et Ngoko le 15 mars 1966. Il s’était retiré au Congo. Son compagnon de lutte Woungly Massaga était établi à Djoum. A l’Ouest, la résistance était menée par Ernest Ouandié. Osende Afana, brillant économiste, a eu des problèmes avec le Congolais qui l’hébergeait. Celui-ci a obtenu de sa hiérarchie qu’il soit renvoyé chez lui. C’est ainsi qu’il se retrouve à l’Est Cameroun, est repéré et tué. » Ossendé Afana était une des têtes pensantes du nationalisme camerounais dans les années 50 et 60. Né en 1930 à Ngoksa, près de Sa’a, dans la région du Centre du Cameroun, Osende Afana qui a été tué le 15 mars1966 à Ndélélé, non loin de la frontière entre le Cameroun et le Congo, est considéré par plusieurs Camerounais comme un héros national. Moins connu que ses prédécesseurs à la tête de l’UPC – Ruben Um Nyobé et Félix-Roland Moumié –, et même que son alter ego sur le front de l’Ouest, Ernest Ouandié, il a pourtant fini assassiné comme eux. Tout comme ces trois, il a payé le prix fort en luttant pour libérer le Cameroun et, l’Afrique du colonialisme et néocolonialisme.

Exclu du grand séminaire à cause de ses idées jugées subversives au début des années 50, il fréquente le lycée général Leclerc de Yaoundé en 1952. Il obtient son baccalauréat et, la même année, fait partie des meneurs d’une grève organisée par les élèves Black qui revendiquaient de meilleures conditions de vie à l’internat. Osende Afana est déjà connu par l’administration coloniale comme un élément anticolonial. Son esprit frondeur et ses élans révolutionnaires précoces vont s’accentuer à Toulouse (ville française) où il poursuit ses études supérieures en économie politique sanctionnées par un doctorat. En 1954, il représente l’Association des étudiants camerounais (AEC) à la commission d’attribution, à la fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf). Il en devient le vice-président et, en 1957, le trésorier général, puis s’installe à Paris. En 1958, il quitte clandestinement la France pour l’Egypte où il rejoint la direction de l’UPC en exil. Il devient après l’assassinat de Ruben Un Nyobe le 13 septembre 1958, un collaborateur important de Félix Roland Moumie, Ernest Ouandie et Abel Kingue. Nommé représentant de l’UPC au secrétariat permanent Afro-asiatique au Caire, Osende Afana apporte son savoir-faire pour faire avancer la cause nationaliste. Il a fait partie de la délégation qui allait défendre aux Nations-Unies l’idée de l’Indépendance du Cameroun.

La mort tragique du président Moumié, le 3 novembre 1960 à Genève de suite d’un empoisonnement au thallium entraîna la constitution d’un comité révolutionnaire des sept personnes : Ernest Ouandié, Abel Kingue, Osende Afana, Nicanor Njawe, Ndongo Diye, Michel Ndoh et Woungly Massaga. Deux des sept membres de ce comité vont choisir de retourner aux maquis : Ernest Ouandié et Osende Afana. L’un et l’autre prennent respectivement la direction du front de l’Ouest et du front de l’Est. Mal préparé et, sans doute, trahi, Osende Afana est repéré, pourchassé et abattu avec ses compagnons de lutte du deuxième front, aux frontières du Cameroun avec le Congo. Il était âgé de 36 ans lorsqu’il fut assassiné à Ndélélé par les forces de sécurité de l’armée coloniale au service du feu président Ahmadou Ahidjo. Ce 16 Mars 1966, que s’est-il passé ? Les archives sur cet épisode sont jalousement gardées par le pouvoir…

Source: Boris Bertolt