Du fond de leur cachot, ils ont commis des lettres et des ouvrages, soit pour mettre à nu les mauvaises pratiques du régime, soit pour clamer leur innocence.
L’heure est décidément aux révélations inédites parfois fracassantes contre le régime qu’ils ont servi des années durant. Si d’aucun y voient une volonté de dire leur part de vérité au sujet des charges qui pèsent sur eux en justice, d’autres en revanche pensent qu’il s’agit d’une opération de règlements de compte aux anciens collègues. Quand ce n’est pas Titus Edzoa, ancien secrétaire général de la présidence de la République, avec son ouvrage de 158 pages «Méditations de prison, échos de mes silences», qui semble garder une dent particulière vis-à-vis des juges camerounais, c’est Jean Baptiste Nguini Effa (ex-Dg de la Scdp), dans un premier ouvrage de 252 pages intitulé
«De la tour Elf à la prison centrale de New-Bell; histoire d’une déchéance sociale injuste et réflexions sur la gouvernance au Cameroun», qui relate le cauchemar de son procès qu’il juge kafkaïen.
Mais en réalité, l’ex-ministre de l’Administration territoriale (Minat) Marafa Hamidou Yaya était le premier à ouvrir le bal de cette activité éditoriale intense. Avec la publication d’une dizaine de lettres ouvertes adressées tant au chef de l’État qu’au peuple camerounais. De sa cellule du Secrétariat d’État à la Défense (Sed), l’ancien secrétaire général à la présidence de la République se découvre subitement investi d’une prétendue mission messianique. Il veut désormais expurger le Cameroun de tous ses maux.
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Son activité épistolaire aussi virulente que contradictoire vise à s’absoudre face au jugement de l’histoire et à brocarder un chef d’État qu’il a servi. L’ex-collaborateur du chef de l’État, dans les mailles de la justice trouve toujours l’occasion de pourfendre et de brocarder le régime qu’il a pourtant servi.
Par contre, son prédécesseur au secrétariat général de la présidence de la République, Jean Marie Atangana Mebara, dans son premier bouquin intitulé « Lettres d’ailleurs », parle des sujets aussi graves que son incarcération dans des conditions difficiles pour tentative de détournement de deniers publics. Ou du G11, cette nébuleuse à laquelle il est accusé d’appartenir; de la tentative d’assassinat du chef de l’État via l’Albatros, ou encore cette histoire colportée pendant longtemps et qui voudrait qu’il ait, avec Polycarpe Abah Abah et Urbain Olanguena Awono, détourné plusieurs millions de Fcfa que le chef de l’État leur avait confiés pour le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy…Mais l’ancien Sg/Pr ne s’est pas arrêté là. Il a de nouveau pris sa plume.
Non plus pour brosser un pan de sa carrière administrative et personnelle, mais pour dévoiler sa position sur la candidature de Paul Biya aux élections présidentielles de 2011. L’autre livre-choc vient de l’ex-ministre de la Santé publique, Urbain Olanguena Awono. Publié en mars 2016, ce bouquin intitulé « Mensonges d’État : déserts de République au Cameroun » revient sur les procès politiques de l’opération Épervier et le rôle de Mebe Ngo’o, Ze Meka, Laurent Esso, Issa Tchiroma, Amadou Ali, etc. Le prédécesseur d’André Mama Fouda démontre, noms à l’appui, comment des proches du chef de l’État manipulent ses politiques à leur guise. Utilisant la justice pour éliminer des adversaires prétendument en course vers le fauteuil présidentiel.
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Au lendemain de la sortie de ce livre, des gardiens de prison ont fait le tour des cellules qui accueillent des anciens ministres et ex-directeurs généraux des sociétés parapubliques emprisonnés. Toutes ces cellules Vip ont été passées au peigne fin. Des effets personnels y compris plusieurs livres ont été récupérés et emportés par les gardiens de prison de la délégation régionale de l’administration pénitentiaire du Centre.