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Kribi: un homme vend tout un village à des particuliers

Un terrain à Kribi

Fri, 18 Feb 2022 Source: www.camerounweb.com

L'affaire est explosive depuis quelques mois à Kribi. Dans leur parution N° 164, nos confrères du journal Horizons Nouveaux Magazine donne des informations sur cette affaire qui risque de dégénérer à n'importe quel moment dans le village de Bebambwè. Comment un individu à pu à lui seul, vendre tout un village à des particulier? La réponse dans l'article ci-dessous.

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Cela s’est passé dans le village de Bebambwè, l’un des derniers villages de l’arrondissement de Kribi 2ème sur la route Kribi-Edéa. Le nommé Matoko Zachée Bernard, de regrettée mémoire aujourd’hui, s’est approprié tout le terrain de la collectivité Djana et s’est mis à le brader. Parmi ses acheteurs, des notoriétés ou des célébrités du monde des affaires, des auxiliaires de Justice et même un footballeur international de renom.

Aujourd’hui, ces acheteurs menacent de mettre à la rue les v é r i t a b l e s propriétaires de ce village. Ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer car toutes les tentatives pour récupérer leur patrimoine dilapidé par l’un des leurs à leur insu sont demeurées vaines.

Les faits

C’est dans les années 70 que la collectivité Djana mandat à l’un des leurs, le nommé Matoko Zachée Bernard, entrepreneur en bâtiment pour la représenter auprès des instances compétentes en vue de l’établissement d’un titre foncier collectif. Un bien qui devait revenir à tous les enfants Djana.

Seulement, ce dernier va se jouer de ses frères et se faire établir ledit titre foncier en son nom et aussitôt, entreprendre de vendre des parcelles de ce terrain à certains particuliers, à l’insu de la collectivité. Il faudra attendre le début des années 90, lorsque les premiers acquéreurs se pointent pour revendiquer leurs parcelles pour que les membres de la collectivité vont se réveiller et prendre conscience du crime perpétré par Matoko Zachée Bernard devenu l’unique propriétaire du terrain collectif. La collectivité va alors introduire une demande de revendication de ce terrain le 11 octobre 1990, demande qui restera sans suite, Matoko Zachée Bernard bénéficiant de certaines complicités tapies tant à Yaoundé, qu’à Douala et même à Ebolowa où, à l’époque se trouvait la conservation foncière.

La collectivité va continuer à faire pression sur Matoko Zachée Bernard et l’amener à introduire une demande d’annulation du titre foncier, demande qui sera déposée et enregistrée le 17 février 1993 sous le numéro S/N° 5450 SDE. Une autre demande qui restera sans suite. C’est alors que la collectivité va se résoudre à déposer une plainte contre Matoko jointe à une deuxième demande en annulation le 22 juin 1995.

Estimant que le dossier piétinait, la collectivité va donner mandat à Mboulet Marcel Virgil et introduire une seconde demande en annulation du titre foncier le 26 janvier 1997 et une troisième le sera le 15 août 1998 par le même Mboulet Marcel Virgil agissant comme porte-parole et fils de la collectivité. Constatant que toutes les demandes en annulation restaient lettre morte, une requête sera adressée par la collectivité Djana au Chef de l’Etat, Président de la République. Une autre requête sera adressée par Mambo Pouka Philippe, fils de la collectivité, commandant de la Gendarmerie Nationale à la retraite et précédemment en service à la Garde Présidentielle. Mais contre toute attente, le 08 juin 2017, une agression physique est perpétrée par Baye François sur la personne de Mambo Pouka Philippe d’où il ressort que les commanditaires seraient les époux Casenave.

Cette affaire demeure sans suite en dépit des différentes plaintes y afférentes qui ont été déposées. Puis le 10 juin 2020, un recours gracieux a été déposé et qui, jusqu’ici n’a toujours pas de suite. A l’heure où nous allons sous presse, des individus non identifiés ont investi le terrain de Mambo Pouka Philippe et y construisent un immeuble en dépit d’un arrêt du Tribunal de Kribi décidant d’un arrêt des travaux. Ce qui a plongé les populations de ce village dans un désarroi total. Face à cette douloureuse situation, la collectivité Djana s’est une fois de plus tournée vers le Ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières dans une requête le 07 juillet 2021 dont l’objet est «Requête aux fins d’annulation des titres fonciers n° 278, 301, 302 et suivants».

Et dans cette requête, l’on peut lire : « Monsieur le Ministre, quel est ce pays où les décisions de justice ne sont pas respectées tout simplement parce que les autochtones sont de pauvres pêcheurs qui n’ont pour seules ressources que les fruits de la mer, des prédateurs allogènes viennent s’accaparer de nos terres au détriment des populations allogènes désargentés. » ? Un cri de détresse qui mérite que l’on s’y attarde car comment comprendre qu’un lotissement de près de 20 hectares se trouvant dans un village bien connu, située le long de la route nationale reliant Kribi à Edéa ait été attribué à un seul individu sans que les autorités compétentes du Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires Foncières ne se rendent pas compte de la supercherie ? Qui a aidé Matoko Zachée Bernard à se faire établir ces titres en son nom personnel et contre quelle rétribution ? Comment expliquer que toutes les requêtes jusqu’ici déposées soient restées lettre morte alors que des demandes récentes ont abouti ? Qui bloque ce dossier et pour quel intérêt ? Autant de questions qui restent sans réponses et qui invitent la collectivité Djana à ne pas baisser les bras. Mais faudra-t-il attendre un bain de sang pour enfin réagir ? Sait-on jusqu’où peuvent aller des populations désabusées ?

Cette affaire qui cache certainement beaucoup d’autres devrait cependant amener les dirigeants de notre pays à prendre très au sérieux les litiges fonciers que notre pays et qui ne font que se multiplier car peut-on deviner à l’avance d’où viendra l’étincelle pouvant embraser notre temps ?

C’est le moment de sonner l’alarme car tout litige foncier non résolu est un volcan qui dort et qui peut entrer en éruption à tout moment et Kribi en ce moment est un terreau idéal pour cela car les appétits gourmands des capitalistes y sont décuplés. Les populations devraient rester vigilantes à tout moment et éviter de vivre ce qui se passe ces derniers temps à Douala. A la place de la vente de terrain, elles devraient préférer les concessions car lorsqu’elles constateront qu’elles ont fait de mauvaises affaires, il sera trop tard pour revenir en arrière.

Source: www.camerounweb.com