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Guerre de succession et coup d'État scientifique en marche : Messanga Nyamding rince les cadres qui nuisent à Biya

Il n'y vas pas de main morte

Fri, 18 Mar 2022 Source: www.camerounweb.com

Pour le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire OWONA avait violemment pris à partie les enseignants grévistes comme quoi, ces derniers sont dans une logique de renverser le pouvoir de Paul Biya. Il est allé loin jusqu’à comparer le mouvement des enseignants aux agressions terroristes et autres. Ce n’est pas le cas rétorque Pascal Messanga Nyamding qui estime qu’il s’agit en réalité d’une revendication sociale.

C’est dans une tribune dont voici la teneur.



A propos de la grève des enseignants au Cameroun : revendication sociale ou insurrection populaire ?

Guerre de succession et coup d'État scientifique en marche

Depuis le 27 février 2022, un mot d'ordre de grève fut initié par les enseignants du secondaire au Cameroun, puis ceux de l'éducation de base, plusieurs jours après.

Pour les motifs suivants :

-le paiement immédiat de la dette envers les enseignants soit181 milliards représentant les frais de rappels, avancements,

allocations familiales, et autres primes ;

- la révision, l’amélioration et l’arrimage effectif des conditions de travail des enseignants, à leur statut particulier ;

- l’indexation automatique des salaires des enseignants enfonction des fluctuations de notre économie ;

- la revalorisation du salaire de base des enseignants à

280 000 Fcfa pour les cadres A2, et 250 000 Fcfa pour ceux de la catégorie A1 ;

- la revalorisation de l’indemnité de logement à 100 000 Fcfa pour les cadres A2, et 75 000 Fcfa pour les cadres A1 ;

- l’introduction de la prime d’eau et d’électricité, soit 10 000 Fcfa pour l’eau, et 30 000 Fcfa pour l’électricité ;

- la revalorisation de la prime de recherche à 50 000 Fcfa ;

- la revalorisation de la prime de technicité à 30 000Fcfa ;

- l’automatisation des avancements ;

- l’introduction d’une prime de transport pour les enseignants en zones rurales ;

- l’introduction d’une prime de risque pour les enseignants

affectés dans les zones d’insécurité et particulièrement

difficiles, soit 50 000 Fcfa ;

- la suppression immédiate du système 2/3 et dès lors, le paiement total des salaires ;

- le paiement total des rappels de 2/3 et 1/3 sans prise en

compte des taxes sur les rappels ;

- l’automatisation des paiements des avancements ;

- l’effectivité de la bourse mensuelle pour les élèves

professeurs des Écoles Normales soit 80 000 Fcfa pour le second cycle et 50 000 Fcfa pour le premier cycle ;

- l’élaboration d’un profil de carrière clairement défini,

s’agissant de la progression au sein du Ministère des Enseignements Secondaires ;

- l’automatisation tous les trois ans d’un cycle de formationscontinues pour les enseignants ;

- et enfin, le perfectionnement des enseignements.

Au regard de ce qui précède, nous tenterons préalablement de définir avec pertinence les notions de revendication sociale d'une part et celle d'insurrection d'autre part à l'effet d'apprécier la situation

1-La notion de revendication sociale

En nous appuyant sur le syncrétisme définitionnel et consensuel, à partir des approches définitionnelles classiques des dictionnaires des disciplines comme la science politique, dans son aspect socio-anthropologique, la revendication sociale, c'est le fait de mener une action par un groupe d'individus appartenant à un corps social afin d'obtenir un droit social légitime qui lui a été abusivement enlevé par une autorité ou un pouvoir donné. (Confère, Charlemagne Pascal MESSANGA NYAMNDING, l'État et la régulation sociétale au miroir de l'anthropologie du droit, London, Citizenship academic publishing, 2017.)

2-la notion d'insurrection

De manière syncrétique, les approches defitionnelles classiques contenues dans les dictionnaires et celles de la science politique dans son aspect socio-anthropologique , nous autorisent à définir la notion d'insurrection comme « une action concertée conduite par un groupe d'individus à l'effet mener un soulèvement contre un pouvoir ou une autorité établie donnée. Ayant pour objectif de renverser celui-ci au profit d'un ordre nouveau institué.

In Michel ALLIOT, Le droit et le service public au miroir de l'anthropologie, Paris, Khartala, 2005.»

Au regard de ces deux approches définitionnelles inattaquables, au Cameroun concernant la grève des enseignants, il s'agit d'une revendication sociale et non d'une insurrection.

Dans l'analyse, cette crise sociale peut-elle à terme se transformer en insurrection ?

Oui. Si et seulement si, le gouvernement ne sort pas l'argent attendu par les agents de ce corps de métier noble qui a vu mourir tristement, mais symboliquement leur collègue HAMIDOU originaire du Grand Nord, à Beka à la frontière Cameroun-Nigeria où il exerçait sans salaire; car, sorti 10 ans plus tôt du CENAJES de Garoua, il a exercé toute sa vie, non seulement sans rémunération, mais aussi, sans intégration contrairement aux prescriptions de notre droit de la fonction publique nationale.

Décédé le 8 mars 2022, il fut inhumé quelques jours après dans l'indifférence totale, sans la présence au plus haut niveau, d'un représentant de l'État à ses obsèques.

En réalité, qui prépare et entretient de manière constante la revendication sociale, incite à l'insurrection.

Car, au regard des revendications susmentionnées et le dialogue entretenu par les enseignants, nous allons alors conclure qu'il serait prétentieux, calomnieux et mesquin de faire croire au Président de la République SE Paul Biya, mon maître politique, que l'insurrection serait un objectif caché par ces enseignants.

Pour preuve, donnons à ces maîtres de la craie leur dû, environ 300 milliards de FCFA, je parie que cette grève s'arrêterait tout de suite.

In fine, il ne s'agit pas d'une insurrection, mais d'une revendication sociale légitime qui remet partiellement, mais objectivement en cause un pan de notre gouvernance sociale, qui doit en toute modestie, urgemment être repensée au Cameroun.

Alors, à qui la faute ?

Il serait injuste, abusif et de trop, d'incriminer implicitement les Ministres en charge des enseignements secondaires et de l'éducation de base en fonction à ces postes depuis seulement trois ans.

Si le Ministre Laurent Serge Etoundi Ngoa est totalement épargné et avec raison, de toute responsabilité dans cette crise.

Malheureusement la Ministre Nalova Lyonga anciennement Recteur, est jetée en pâture pour les forfaits jadis commis à l'université de Buéa, lorsqu'elle ordonna en 2016 aux gendarmes de mater sévèrement les étudiants de l'université de Buéa qui s'opposaient à payer une amende de 10000 FCFA concernant le paiement tardif des frais d'inscription.

Dans cette crise, surtout pas Monsieur le Ministre Laurent Serge Etoundi Ngoa responsable de la situation délétère actuelle.

C'est l'ancien Ministre des petites et moyennes entreprises qui s'évertue coûte que coûte, a redresser une situation pourrie qui dure depuis plus d'une dizaine d'années.

Une chose est certaine, la bataille de succession et le coup d'État scientifique sont plus que jamais une réalité qui meuble le quotidien des camerounais.

(é) Majesté Professeur Charlemagne Pascal MESSANGA NYAMNDING

*Professeur titulaire en science politique et en droit public des universités.

Membre titulaire du CC RDPC

Coordonnateur du Mouvement National des Biyaïstes.

Source: www.camerounweb.com