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Yaoundé en danger : alerte maximale pour le retour du choléra, la ville prise en otage par les ordures

Yaoundé en danger

Wed, 4 May 2022 Source: Mutations N° 5574

En pleine épidémie de choléra, la capitale étouffe sous l’effet des ordures, à cause d’un énième mouvement d’humeur du personnel de la société Hysacam.

Ça fera 10 jours demain jeudi que les commerçants du marché Mokolo, dans l’arrondissement de Yaoundé 2e, n’ont plus suivi le ronflement d’un camion de la société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam), adjudicataire des contrats de ramassage et de traitement des ordures ménagères dans toutes les villes du pays. « Mon Dieu ! les gens sont même au courant des ordures-ci ? Si Hysacam fait encore une semaine sans passer ici, ça sera très grave », s’alarme une dame venue faire des emplettes dans cet espace marchand de loin le plus grand de la capitale et qui génère des tonnes de détritus au quotidien. Depuis le 25 avril, le terre-plein central de la route à deux voies qui coupe le marché Mokolo en deux a cédé la place à une crête d’ordures qui grandit au fil des jours en s’éparpillant de part et d’autre de la chaussée avec des perturbations sur la circulation automobile et piétonne. Les ordures se disputent désormais l’espace avec les petits commerçants qui ont pris l’habitude de squatter les trottoirs et une partie de la chaussée. Téméraires, ces derniers semblent ignorer qu’ils risquent gros sur le plan de la santé, avec les odeurs pestilentielles qui se dégagent de ce décor hideux. Ils sont loin d’être seuls dans cette situation, car, même pour les commerçants régulièrement installés et les clients qui font des courses, il faut être courageux pour braver les montagnes d’ordures qui se forment au marché Mokolo. En face du commissariat de sécurité publique du 2e arrondissement, il faut retenir son souffle pour traverser. Les usagers ne portent pourtant plus le masque contre le Covid-19 qui, en ces circonstances, peut servir valablement pour atténuer les odeurs nauséabondes qui rendent l’air irrespirable.

Policiers

La situation est plus que préoccupante dans tous les marchés de Yaoundé et dans les quartiers, dans un contexte marqué par de fortes pluies depuis un mois. En somme, un cocktail dangereux qui risque de faire exploser le cas de contamination au choléra. « Ce n’est pas normal. On nous dit tous les jours que le choléra est dehors. Et nous savons tous que la saleté favorise cette maladie. Il faut que le gouvernement trouve urgemment une solution. Parce que nous sommes vraiment exposés », réagit un jeune. Il n’est pas seul à lire le danger de loin. « Vousmêmes, regardez là où ces femmes vendent. On pisse là, à côté. Certaines personnes y défèquent même. Et le matin, on vient encore étaler des produits là. Je vous jure qu’on va encore reparler du choléra si rien n’est fait », prévient, la mine grave, Claver, un boutiquier installé au marché Mokolo. Au lieudit « Carrefour hôtel Le Paradis », à Ngousso (arrondissement de Yaoundé 5e), une partie de route a été coupée par un fumier, obligeant les véhicules qui rendent du côté de la chapelle Ngousso à circuler dans le sens interdit. Au nez et à la barbe des policiers. Derrière la pharmacie Bleue, bloc résidentiel situé en face de l’Hôpital général de Yaoundé, les habitants ont l’impression qu’avec les ordures ménagères qui s’amoncellent, la population de mouches, de moustiques et d’insectes en tous genres a décuplé dans le secteur

Démission

La nouvelle crise des ordures qui tend à rendre Yaoundé invivable est liée à un nouveau mouvement d’humeur du personnel d’Hysacam, qui réclament deux mois de salaires impayés, le renforcement du dispositif de sécurité sociale à leur intention incluant une assurance maladie qui couvrirait 100% des soins, l’instauration d’une prime de rendement pour tous les employés, l’augmentation de la prime de transport qui s’élève jusque-là à 18000 Fcfa par mois, la démission du directeur technique de l’entreprise, etc. Sous cape, des responsables de l’entreprise expliquent le nouveau débrayage est lié à une réorganisation par le top management des ressources matérielles et techniques de l’entreprise. « C’est dans le but de répondre aux attentes de la ville en termes de propreté, qu’un redéploiement de nos ressources tant matérielles qu’humaines a été mis sur pied, en vue de satisfaire le client. Mais il se trouve que cette stratégie est rejetée par les employés, qui estiment qu’on a fait ce réaménagement-là en les mettant en difficulté. Nous sommes en train d’étudier cette affaire-là pour voir dans quelle mesure on peut répondre favorablement ou non en tenant compte des réalités », soulignait une source autorisée dans les colonnes de votre journal le 29 avril dernier.

Source: Mutations N° 5574