Lamido de Garoua
Une vague d’accusations de pratiques sataniques, notamment des exhumations de restes d’anciens monarques, et de meurtre dans le sultanat balaie la capitale du Nord, depuis le début de l’année en cours ; non sans parler de forts soupçons de pratiques homosexuelles. Le chef de l’Etat interpellé !
La ville de Garoua, capitale de la région du Nord, vit depuis pratiquement six mois au rythme de remous au sultanat dont le facteur déclencheur était le meurtre, dans des conditions troubles, du jeune Youssouf, neveu du nouveau sultan, Ibrahim El Rachidine. Depuis lors on est tombé de Charybde en Sylla. Selon certaines sources, un certain Dossou, marabout de nationalité béninoise, aurait été appelé à la rescousse par ce monarque, question de venir jouer au pompier, alors que Garoua était prête à s’embraser. En contrepartie de ce travail, ce faiseur de miracles adepte du Vaudou aurait exigé de SM El Rachidine les ossements de trois anciens lamidos dont nous taisons les noms par décence et par respect pour leur mémoire. Demande à laquelle, ce monarque aurait accédé. « Une demande surréaliste, incantationnelle et mystique qui a trouvé un écho favorable auprès de El Rachidine. C’est ainsi que les valeurs et les coutumes bien entretenues et protégées pendant des milliers d’années sont en train d’être profanées par un parachuté, totalement en déphasage avec le lamidat et ses missions régaliennes », vomissait du fiel une source.
A en croire donc ces sources, c’est un véritable sacrilège dans le lamidat, on se dirait dans un film d’horreur avec ce spectacle dégoutant et macabre que serait en train d’offrir le nouveau lamido de Garoua à l’opinion nationale et même internationale. Un affront pour les populations et aux ancêtres même si tant est vrai que « cet arriviste très déconnecté s’attire de graves malédictions. En attendant la tension est de plus en plus palpable et les esprits commencent à s’échauffer », selon une source. Il faut souligner que ces forfaits se seraient faits alors que, sur les insistances du marabout béninois qui résiderait dans un village lacustre non loin de la capitale de son pays, les membres des familles de lamidos exhumés eussent été éloignés du lamidat. C’est ainsi que, selon bien sûr des sources diverses et concordantes, « Dossou et ses trois compagnons ont été conduits vers les tombes et ont commencé leur sale besogne. On parle des cranes et des membres inférieurs qui auraient été importés nuitamment vers le Benin. Des personnes proches du lamidat de Garoua font état de ce que le lamido se serait déplacé personnellement jusqu’à la frontière du Cameroun d’avec le Nigéria, pour faciliter le trajet à ces hommes ». En attendant le dénouement de ce dossier nauséabond, les populations de Garoua ne décolèrent pas, particulièrement les fils des monarques dont les tombes ont été profanées.
Inculpé pour homicide
Pour reparler du jeune youssouf, le lamido de Garoua aurait été inculpé pour homicide, selon le magazine panafricain ‘’Jeune Afrique’’. « Quelques jours après avoir été auditionné par la gendarmerie, Ibrahim El Rachidine a été déféré devant un tribunal militaire. Il est accusé d’être lié à la mort de l’un de ses neveux, qui a été torturé avant de succomber, le 31 janvier dernier », peut-on lire dans un article paru dans ce journal. Et l’auteur de l’article de s’interroger : « Est-ce parce que l’affaire a provoqué un véritable scandale à Garoua que l’enquête progresse rapidement
? Ou parce que l’autorité traditionnelle et religieuse la plus puissante du Nord est mise en cause et que le palais d’Etoudi lui-même a demandé à ce que le dossier soit instruit avec célérité ? Quelques jours seulement après avoir été entendu par la gendarmerie sur les circonstances du décès de l’un de ses neveux, le lamido de Garoua a été déféré devant un tribunal militaire, le 7 février ».
Et de poursuivre que Ibrahim El Rachidine est soupçonné d’être lié à la mort d’Ali Youssouf, un jeune homme tué le 31 janvier dernier sur la propriété du lamido et enterré dès le lendemain dans un cimetière de la ville. Le 3 février, le corps de la victime avait été exhumé pour être autopsié après que plusieurs témoignages avaient fait état de tortures et de sévices. Le 4, alors que la foule en colère menaçait de lyncher le lamido, les forces de sécurité l’avaient extrait de sa résidence pour le conduire dans les locaux de la gendarmerie de Garoua afin de l’entendre.
L’autopsie a rapidement confirmé les actes de torture et le lamido, un officier de gendarmerie ayant fait carrière au sein de la sécurité militaire, a été formellement inculpé de torture et d’homicide. Six autres personnes ont été déférées devant la justice, dont deux militaires étant au service d’Ibrahim El Rachidine. Pour sa défense, celui-ci avait dans un premier temps déclaré que le drame était survenu alors que sa garde rapprochée tentait de maîtriser le jeune homme qui se trouvait, selon lui, sous l’emprise de la drogue. Ibrahim El Rachidine avait été élu lamido en mai dernier à la suite du décès d’Alim Hayatou, qui était par ailleurs secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé. Affaire à suivre.
Prochainement
Les soupçons de pratiques homosexuelles au lamidat ; les rapports sulfureux entre le monarque est les Imams de la ville de Garoua ; la levée de boucliers des camarades du feu Youssouf.
