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NOSO: cet avertissement prémonitoire que Maurice Kamto donnait à Paul Biya lors de sa démission

Maurice Kamto,Principal opposant à Paul Biya

Thu, 23 Jun 2022 Source: www.camerounweb.com

Principal opposant à Paul Biya, Maurice Kamto avait effectué un passage dans le gouvernement de celui qu’il combat aujourd’hui. Ayant gérer les négociations pour la rétrocession de la presqu'île de Bakassi, territoire disputé avec le Nigeria voisin. « En 2004, il quitte la société civile (n'ayant par le passé jamais milité dans aucun parti politique) pour rejoindre comme technocrate le gouvernement en tant que ministre délégué auprès du ministre de la Justice. Il présente sa démission le 30 octobre 2011, soit dix jours avant la formation du nouveau gouvernement, puis devient une figure de l'opposition au régime de Paul Biya ». Lors de cette démission, le professeur de droit dans sa lettre a touché du doigt les maux qui minent la société camerounaise. Il a notamment mis un accent particulier sur les craintes de voir la zone anglophone sombrer dans le chaos. Depuis, le pouvoir de Paul Biya n’a manifestement pas pris en compte ces avertissements. Aujourd’hui, la situation a plus que sombrer.

Nous vous proposons un extrait de la lettre de démission de Maurice Kamto



«La Nation camerounaise se fissure silencieusement, sous la puissance tellurique des haines grégaires incompréhensibles mais fantasmées, puis alimentées et rendues acceptables. Je ne pouvais me résoudre à regarder indéfiniment instiller dans notre société ce venin du tribalisme qui empoisonnerait l’âme et la vie de la Nation camerounaise pour des générations encore. Le siècle avance cependant que le pays piétine. L’unanimisme politique a repris le dessus et la « démocratie camerounaise » régresse, n’offrant plus au peuple camerounais que le choix improbable entre un parti-Etat et lui-même. L’état de droit bégaie devant tant de violences inutiles et de familles qui crient justice en vain. La tragédie se noue à nos portes et nous refusons de voir : les conditions de vie infrahumaine du plus grand nombre et le chômage massif des jeunes, mêlés au chaos urbain, annoncent les explosions sociales à venir. Les replis identitaires nous appellent en urgence à la réflexion sur le vivre ensemble dans notre patrie commune, y compris en entendant la parole de nos compatriotes Anglophones dont le mal-être ruine progressivement la ferveur des retrouvailles fraternelles de 1961 et expose le pays à la déchirure.

J’ai pris cette décision dans l’assurance que l’on peut offrir un autre futur à notre jeunesse nombreuse, ingénieuse et ardente, en actionnant les divers leviers de formation, de création de richesses et d’emplois qui demeurent grippés par l’immobilisme et le manque d’imagination, par les pratiques destructrices de l’initiative et de l’audace. Je l’ai fait avec la ferme conviction qu’ensemble, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, rassemblés et unis dans la foi commune en cette Terre des douleurs et de promesse, nous pouvons refonder le Cameroun, enraciner l’économie nationale dans une agriculture modernisée et une industrie conquérante, construire une économie du savoir dont la matière première est la matière grise, jeter les ponts de la solidarité pour ne pas abandonner les plus faibles sur l’autre rive, celle de la misère et de l’indignité, et projeter le pays dans un rayonnement international qui établisse son influence dans le concert des nations»

Source: www.camerounweb.com