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Cameroun / Justice : la coupe et les menottes

Image d'illustration

Mon, 27 Jun 2022 Source: Le Massager

Ce week-end les images de choc d'un cacique du régime, accusé de détournements des deniers publics, tenant en main une coupe de champagne en pleine salle d'audience et celle d'un militant politique malade, enchaîné sur son lit d'hôpital, a jeté l'opinion dans l'émoi, charriant des vagues d'émotion sur les réseaux sociaux.

Les deux images, liées aux différences cadences de la justice camerounaise, expose dans toute sa cruauté visage hideux de la vacuité de l’égalité de tous les citoyens devant la loi. Les auteurs de cette publication sur la toile ont de toute évidence du goût et du talent dans l’art de toucher au plus vif les émotions populaires. De toute évidence, ces deux photos remettent une louche sur la mauvaise presse nourrie au sein de l’opinion publique. Comment expliquer qu'un prévenu soupçonné d'avoir porté atteinte à la fortune publique, se trouve dans l'enceinte même du palais de justice avec une coupe de champagne en main? Comment le comprendre? Quelle est la cible visée ? Veut-on dire aux Camerounais que les prisonniers dits de luxe ne sont pas en réalité en prison, mais mis tout juste entre parenthèses pour un temps sans aucune intention réelle de vider de jure leurs affaires devant les juridictions ? Les questionnements font flores au point où on ne sait plus où donner la tête ; Un internaute a vu en cette photo de l’ancien ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, une volonté manifeste d’affirmer à l’opinion qu’il a le moral en place, en dépit du piège de toutes les batailles judiciaires. Qui a intérêt à ce que la photo de cet ancien ministre de retrouve sur la place publique et dans quel intérêt ? Les réseaux sociaux indiquent que l’homme affiche sa détermination d’en découdre avec ses adversaires ou qu’en plus, il transmet le massage qu’il ne se reproche de rien. Le courroux ne manque pas de se déverser aussi au point où certains parlent de la justice de la justice des propriétaires du Cameroun. N'est-il pas interdit de boire, de fumer ou de manger dans le temple de la justice? Pourquoi ne pas faire des efforts sur soi pour être moins grandiloquent au prétoire où est dite la justice au nom du peuple camerounais? C’est ainsi qu’on peut suivre certains Camerounais s’interroger en s’affligeant. Qu’on le veuille ou pas, avec cette photo fantastique, d’aucuns reconnaissent qu’Alain Edgard Mebe Ngo’o met la balle au centre pour indiquer qu’il sera présent à l’heure dite des batailles déterminantes pour la succession de Paul Biya.

Le malade menotté sur son lit

A côté de cette photo en apparence ubuesque du ministre déchu, scintille celle présentée en rupture ou en parfaite opposition avec un militant politique avachi et amaigri par la maladie, mais dont un des frêles poignets est menotté au lit froid en acier. On est saisi par un violent haut le cœur par le décor déshumanisé. La justice camerounaise aurait-elle à ce point perdu de son âme au point de traiter les justiciables politiques comme on le ferait avec des dangereux terroristes ? La photo du ministre, dans sa posture d’invulnérabilité vient jeter tout le trouble dans les esprits face ç celui que les réseaux sociaux présentent comme un militant du Mrc arrêté lors de la marche de septembre 2020. La mort récente d’un militant de ce parti dans les geôles à Douala des suites de choléra n’a donc pas suscité l’onde choc sur la qualité de traitement des citoyens dans les prisons ? N’est-ce pas là aussi le but les deux photos ont été publiées sur la place publique réseautique ? Est-ce là la grande leçon à retenir dès lors des intentions de l’ingénierie qui a posté les deux prises de vue dans une dynamique comparative ? On est bien fondé de franchir le pas de l’affirmative.

Qu'on le veuille ou pas, il s'agit là d'une source qui alimente ou ravive les frustrations et les rancoeurs sociaux. Tout ceci est belliciste, belligène, belliqueuse dans le cheminement histologique d'une nation. C'est précisément aujourd'hui, par de telles postures, de telles errements, qu'un pays sème les graines de ses douleurs à venir ou tout simplement ramollit la terre pour que le bâche de guerre soit déterrée sans encombres.

Et c'est le lieu de se le demander, la justice est-elle aveugle et tatillonne devant les dignitaires mais cruelle et sans état d"âme face aux empêcheurs de tourner en rond? La justice du deux poids deux mesures, la justice d'acharnement sur les gens d'en bas, font la ruine de la foi en la balance. A qui la coupe de la justice? Et à qui les menottes de la liberté ?

Source: Le Massager