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Cameroun : voici l'origine des Bamileke

Image d'illustration

Tue, 28 Jun 2022 Source: www.camerounweb.com

Selon le Dr Serge Zelezeck, la question de l’histoire du peuplement des Grassfields a traversé trois étapes au niveau de la recherche scientifique à ce jour. L'universitaire dresse trois phases pour démontrer l'origine des Bamileke et DJ peuple Grassfields en général. Ces phrases sont les suivantes :

1er Etape : Les recherches des administrateurs coloniaux, à l’instar de M. Delaroziere, établissent l’origine Tikar sur la base de l’histoire orale collectée auprès des dynasties régnantes Bamiléké/Grassfields. Cette théorie date de la période coloniale, reste prédominante dans les années 1960 parmi les chercheurs et est la plus populaire à ce jour parmi l’opinion publique y compris les Bamiléké eux-mêmes. Sa source de base (ou preuve avancée pour la soutenir) est l’histoire orale dans le Grassfields collectée seulement/essentiellement auprès des Rois (et pas par exemple des notables ou du bas-peuple) dont on sait que l’origine est souvent différente de celle du peuple en général ne serait-ce que par le récit oral des « ROIS CHASSEURS » bien connus. Ici l’hypothèse général tend à présenter le Grassfields comme vierge jusqu’à l’arrivée des migrants Tikar.

2eme Etape : L’origine Tikar est remise en cause par une nouvelle génération de jeunes historiens Camerounais au tout début des année 1970s. Il s’agit notamment de Eldridge Mohamadou (1971) et Ghomsi Emmanuel (1972). Ils évoquent en lieu et place des Tikar, un Peuple Ndobo qui aurait habité dans la « plaine Tikar » avant la naissance même du peuple Tikar et qui serait en fait le peuple ayant migré dans le Grassfields. Ici la source (ou preuve avancée pour soutenir la théorie) est aussi l’histoire orale mais cette fois élargit à celle de l’Adamaoua ou du Grand Nord en général. Ghomsi ici souligne déjà avec insistance l’existence d’un peuplement trouvé sur place par les Ndobo… C’est-à-dire que les Ndobo sont présentés comme l’élément dominant mais ayant trouvé des communautés/peuples sur place qu’ils ont assimilé.

3eme Etape : Les chercheurs à partir des années 1980s évoquent plutôt un peuplement continu du Grassfields et relativisent les migrations qu’elles soient Ndobo ou Tikar. L’« élément trouvé » sur place que mentionnait Ghomsi est ici perçu comme en fait l’élément dominant qui est là depuis les millénaires et a produit aussi bien la langue et sa diversification en dialectes au cours de millénaires que la plupart des éléments de civilisation… L’élément migrant s’il existe n’est plus perçu comme l’élément dominant. Les éléments de preuves avancés ici sont : (1) la remise en cause des récits d’origine formulés par les dynasties régnantes à la lumière de ceux formulés par les notables et le bas peuple ; (2) des études linguistiques approfondies qui suggèrent que la très riche diversité dialectale dans le Grassfields serait le résultat d’un processus plurimillénaire sur place et pas une question de siècles ; (3) des preuves archéologiques à l’instar de celles trouvées sur le site archéologique de Shum Laka et sur d’ autres sites, etc…

Et le dernier mot n’a pas encore été dit sur le sujet… Nous sommes sur le terrain scientifique et les révisions sont possibles constamment à la lumière de nouveaux éléments de preuves.

Soulignons qu’à côté de ces trois phases de la recherche académique, s’est développée également d'autres versions pas reprises ou soutenues par les spécialistes à l'instar de l’origine égyptienne. Cette origine égyptienne est premièrement la résultante de l’application automatique et généralisée des travaux de Cheihk Anta Diop à travers l’Afrique. En effet, après la publication et la vulgarisation des travaux de Diop, presque toutes les ethnies africaines ont commencé à se réclamer des origines égyptiennes presque comme un effet de mode et généralement sur la base de preuves plutôt faibles et anecdotiques voire sans avancer aucune preuve du tout. Sur la base de ce postulat d’inspiration Diopienne, Dieudonné Toukam en arrive à parler des Baladi comme étant le peuple en Egypte duquel les Bamiléké seraient originaire. Mais la lecture de la méthodologie dans ouvrage de référence de Toukam démontre bien des faiblesses dans l’approche tout particulièrement le fait de partir de la conclusion pour arriver aux preuves qui elles-mêmes semblent peu probantes.

Source: www.camerounweb.com