Le musicien a tiré sa réverence
Le musicien est décédé des suites de maladie le 22 juin à Londres. Il avait 53 ans.
Talentueux, discret, réservé. Voilà les qualificatifs qui reviennent constamment pour décrire Serge Ngando. Le musicien et guitariste a tiré sa révérence le 22 juin à Londres où il s’était établi avec la chanteuse Coco Mbassi, sa compagne et leurs enfants après son départ de la France des années plus tôt. " Pade" affectueusement surnommé ainsi par ses proches, a été terrassé par une terrible maladie. Un cancer selon des sources. Sa disparition survient presque au même moment que celles d’autres illustres artistes : Maurice Njoume, Roger Nkembe Pesauk et Pierre Narcisse Moudio, décédés respectivement le 18, le 20 et le 22 juin en pleine semaine de la célébration de la fête de la musique. Né à Toulouse en France, Serge Ngando passe cependant sa prime jeunesse à Yaoundé. Il fréquente l’école du Centre administratif et plus tard le CES de Mballa 2 aujourd'hui lycée de Mballa 2. Il habite alors au Camp Sic Messa où il attrape bien vite le virus de la musique dans un environnement qui favorise l'éveil à l'art. Le déclic survient alors qu’il écoute un soir " Mbenb'a Iyo" de Dina Bell. Le jeune Serge Alexandre Dooh Ngando Mpondo est submergé par la ligne de basse d'Aladji Touré l'un des meilleurs bassistes camerounais. Alors une fois son bac en poche, Serge Ngando s'envole pour la France et s'inscrit à l'Ecole normale de musique de Paris au début des années 90. Et plus tard à Londres, ce fils de bonne famille attaché aux valeurs du travail va s'inscrire de nouveau à l'université de Middlesex. Toujours en musique. S’il préférait l’ombre à la lumière des projecteurs, Serge Ngando avait un talent reconnu de tous. Polyvalent, il jouait de la guitare basse et de la contrebasse, du piano, du violon et de la trompette entre autres.
Coco Mbassi
Dans son studio londonien, il s'occupait lui-même du mixage, de l'arrangement, de la réalisation de nombreux projets musicaux. On retrouve sa touche dans les titres " Mot a Idika" de Charlotte Dipanda, "Mamie" de Martin Koums, " Together" de Jo Ngala et surtout "Joa" et "Sepia" de la chanteuse Coco Mbassi. Il était son époux, son compagnon de vie et de scène, son chef d'orchestre aussi. Pour elle, il a composé les chansons " Sisea" et " Mundene" et réalisé l'album "Joa". En 2014 au micro du Magazine Mboa Attitudes, Coco Mbassi lui rendait hommage en ces termes : " le fait que mon mari soit un musicien est un avantage indéniable. Non seulement je n'ai jamais eu besoin d'expliquer ma carrière et mon amour pour la musique mais son implication dans mes albums et mes concerts est un atout", expliquait alors la chanteuse. Serge Ngando a travaillé avec de nombreux artistes aux quatre coins du monde: Manu Dibango, Myriam Makeba, Papa Wemba, Francis Bebey, Noël Ekwabi, Touré Kunda. Quand après avoir longtemps vécu en France il s'installe en Angleterre, il fonde à nouveau un orchestre, le " African jazz orchestre" et s'installe à Whetstone dans le Nord de Londres. Titulaire d'un brevet d'enseignement de la contrebasse, il a enseigné au conservatoire d'Ivry sur Seine. La transmission de son savoir était devenue un aspect très important de sa carrière artistique. En 2021 Serge Ngando invite par exemple les jeunes porteurs de projets musicaux à se rapprocher de lui pour une production "CD en main". À partir de 2020, la crise sanitaire de la covid-19 lui donne l'occasion de renforcer sa présence sur les réseaux sociaux You Tube, Facebook, Instagram. Il publie des lives en solo ou avec son orchestre. Le premier février 2021, 4 jours avant son 52e anniversaire il sort le single " Kumba Assia" un hommage aux victimes de la crise dans le Nord-Ouest et le SudOuest. Inspiré par le massacre de sept enfants tués dans leur école le 25 octobre 2020 à Kumba dans le département de la Meme, région du Sud-Ouest. Influencé par la musique de John Coltrane, Charlie Parker, Serge Ngando est parti comme il a vécu. Dans la discrétion. Combatif jusqu’au bout, après chaque chimiothérapie et le temps de convalescence, il essayait de rejouer à nouveau la musique. C'était sa vie, son élément.
