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Sabotage au sein du MRC : les démissionnaires font de graves révélations sur les plans de Kamto

Les démissionnaires dénoncent une dérive autoritaire au sein du MRC

Fri, 5 Aug 2022 Source: Le Jour

A l’ordre du jour de la conférence de presse des « frustrés » et « déchus » du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (Mrc), hier 3 août 2022 à Bafoussam, figurait en troisième position une déclaration de démission collective du parti.

Devant Me Fokam, huissier de justice exerçant à Bandjoun commis à la réception circonstancielle des démissions et qui s’est retrouvé par la suite parmi les conférenciers en raison de son passé de départemental suspendu du KoungKhi pour soupçons de malversations financières, seuls neuf militants ont solennellement déposé leurs attributs : écharpes, cartes, drapeaux…

Pour la plupart, ils étaient fâchés et en voulaient au directoire du parti et parfois directement à Maurice Kamto, leur ancien président, de les avoir empêché de réaliser leur rêve politique, celui de gérer, même au forceps, une portion du pouvoir politique. L’on a noté comme une hésitation dans le déroulé de cette conférence soupçonnée auparavant d’être une caution de l’administration pour saborder un parti qui résiste malgré tous les calculs.

Pourtant très critique envers le directoire, Edwige Fogang, candidate secrétaire « écartée » à la fédération communale de Bafoussam 3ème, n’a pas démissionné. Comme deux ou trois autres « leaders ».

Annoncé parmi les dix intervenants du jour, un adjudant-chef sans doute retraité dont l’identité est restée secrète, candidat secrétaire à la fédération communale de Foumbot, n’a pas parlé. Comme aussi Me Melasse, le seul avocat de la bande. Selon Félix Tadajo, candidat rapporteur à la fédération régionale, « écarté avec toute sa liste », chargé de rendre compte des « manquements intentionnels observés dans le processus électoral » décrié, les conférenciers dénoncent une « mascarade organisée depuis le sommet ».

En cause, le dernier scrutin en vue du renouvellement des organes de base du Mrc. Pour eux, leurs listes ont été reje tées avec des motifs artificiels, « passe-partout ». Quatre essentiellement : fausse déclaration sur la date d’adhésion ; carte non reconnue dans la base des données du parti ; militants inconnus dans les unités politiques indiquées et dans le fichier national, et enfin non représentativité des fédérations départementales.

Pour ne pas arranger les choses, tous les grincheux excepté l’huissier de justice, sont issus des Bamboutos et de la Mifi. A la question d’un journaliste de savoir ce qu’ils représentent, Emmanuel Kueka, visiblement la tête de file des contestataires en sa qualité de candidat secrétaire « écarté » à la fédération régionale de l’Ouest, est sentencieux : « nous avons des milliers de militants derrière nous. Dans toutes les strates du parti ». Combien ? Le fait est qu’on ne les a pas beaucoup vus dans l’espace aménagé à l’intérieur de l’espace loisirs de la Communauté urbaine de Bafoussam, que gère le maire Rdpc Roger Tafam, pour accueillir la conférence.

En dehors des journalistes, on pouvait à peine reconnaître dix militants de ce parti, parmi la cinquantaine de présents. Ce dernier aura par ailleurs du mal à convaincre les journalistes sur la sincérité de son comportement. « Le Mrc fonctionne avec des vendeurs d’illusion. Je n’ai jamais rencontré le ministre Nganou Djoumessi, depuis mon départ du Rdpc. Nous ne sommes pas parents non plus », a-t-il répondu à Joseph Olinga du Messager, mettant même à défi quiconque pourrait prouver une éventuelle communication téléphonique entre le chef de file du Rdpc dans les Bamboutos et lui, depuis sa démission du parti au pouvoir. Grosse charge contre le fonctionnement du Mrc. « On ne saurait parler de démocratie, de gouverner autrement alors qu’on incarne à souhait la dictature », charge Emmanuel Kueka contre Maurice Kamto, responsable en chef selon lui, des tripatouillages observés lors du renouvellement des organes de base du Mrc.

« J’ai cru au projet social du Pr Maurice Kamto. Mais j’ai découvert qu’il était un autre homme », poursuit-il. Avant que ses acolytes n’enfoncent le clou. Ils regrettent que Maurice Kamto ne perçoive le parti que comme un instrument pour le propulser à la tête du pays, indépendamment des intérêts de la base. Il est accusé d’avoir manœuvré pour empêcher la démocratie de s’exercer, après le décès de Christophe Kamdem, ex-secrétaire de la fédération régionale décédé. « Alors que les départementaux se préparaient pour remplacer le défunt, ils ont inventé l’intérim », plaident-ils. Identique avec les Bamboutos où le directoire a adoubé un transfuge du Sdf.

« J’ai décidé de me retirer lorsque j’ai constaté que tout était biaisé. Les intellectuels qui gèrent le parti veulent le transformer en parti des juristes. Je démissionne pour suivre la vérité », s’étrangle Emmanuel Nyandze, élu il y a deux semaines comme secrétaire adjoint à la fédération communale de Bafoussam 1er et qui affirme avoir perdu ses biens dans l’implantation du parti dans la région du Nord-Ouest. « Le directoire veut rester à Yaoundé pour piloter l’Ouest », dénonce-t-il. Pour lui, cet organe s’est arrangé lors des dernières opérations électorales, à tout faire pour mettre de côté les listes défavorables à l’avocat André Marie Tassa, finalement plébiscité à la tête de la région.

« Les déchus détiennent 80% de la base », font savoir ces gens, qui expliquent que c’est faute d’avoir une oreille attentive qu’ils se sont retournés vers la justice. « L’organe du contentieux, présidé par S. M. Effa, a été mis sur pied pour nous perdre du temps », résume Emmanuel Nyandze. Upécisation Dans un communiqué consécutif à l’ « autorisation spéciale » de la sous-préfète de Bafoussam 1er de les laisser faire cette conférence de presse, la fédération régionale du Mrc dénonce une « campagne (de sabordage) mise en œuvre avec la complicité de certaines autorités politiques avec qui ce collectif se concerte et planifie la fragilisation de (leur) formation politique ».

Dans un autre, André Marie Tassa demande aux militants de son parti d’éviter le lieu où la conférence devait se tenir. Dans les rangs du Mrc, on soupçonne le chantage et la traîtrise. « Petit, tu vas prendre l'argent des ministrons de l'Ouest, tu vas prendre l'autre à Yaoundé avec pour but de devenir régional afin de détruire le parti de l'intérieur. Même pas deux ans de militantisme, tu veux gouverner le parti à l'Ouest, ta liste est rejetée car pas conforme aux dispositions prises. Tu laisses la commission des contentieux dans le parti pour aller directement au tribunal parce que tu crois que tous les juges sont du Rdpc. On te renvoie du tribunal, tu vas voir le sous-préfet de Bafoussam premier, le spécialiste en interdiction des réunions publiques et des arrestations des militants du Mrc devient légaliste et te donne une autorisation spéciale. Ce mot spéciale on va analyser après », raille par exemple Fotsing Nzodjou.

Forcés d’indiquer leur prochaine destination pour ne pas apparaître comme des « amuseurs publics », les démissionnaires ont annoncé la naissance prochaine d’un Psg, à ne pas confondre avec le leader français du championnat de foot : le Pacte Social pour la Gouvernance. A en croire Emmanuel Kueka, des précisions sur le projet seront rendues publiques avant deux mois. Tout semble cependant indiquer que certains voulaient simplement faire du chantage pour la reprise des élections internes. « Il est encore temps de trouver une solution à cette situation », a plaidé Edwige Fogang. Identique pour Etienne Momo, cadre venu des Bamboutos

Source: Le Jour