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Gratuité de l’école primaire : 20 ans après c’est toujours payant, Paul Biya interpellé

les parents continuent à payer des frais de scolarité.

Fri, 14 Oct 2022 Source: L’OEIL DU SAHEL N°1714

Malgré le décret présidentiel de 2001, les parents continuent à payer des frais de scolarité. A l'école publique de Foulberé le 10 octobre dernier, les cours ont repris il y a plus d’un mois. Et déjà, les élèves passent leurs premières évaluations qui vont compter pour la première séquence. Entre temps, dans la cour, certains parents cherchent encore à scolariser leurs enfants. Le problème est qu’ils n’ont pas d’argent.

«C’est difficile pour moi. Et je ne suis pas la seule. Nous n’avons pas d’argent pour payer les frais de scolarité de nos enfants. En plus des frais de scolarité, il y a les frais d’Apee à payer. En plus des fournitures scolaires, le matériel didactique. Avec la pauvreté ambiante qui règne ici, je ne peux débourser tout cet argent», explique Kadjida, mère et cultivatrice. La trentenaire et d’autres parents ayant écumé les écoles primaires à l’effet de pouvoir inscrire leurs progénitures accusent les directeurs d’écoles de ne point respecter le décret n°2001/041 du 19 février 2001 relatif à la gratuité de l’école au Cameroun. Signé par Paul Biya, le président de la République, il dispose dans son article 47 que les élèves des écoles primaires publiques sont exemptés des contributions annuelles exigibles. Mais sur le terrain, la réalité est autre. Et ce, plus de 20 ans après la signature dudit décret.

A Garoua par exemple, cheflieu de la région du Nord, les écoles primaires publiques «coûtent» au minimum 3 500 FCfa. Cette somme est considérée par les directeurs d’écoles ; comme les frais versés pour le fonctionnement de l’association des parents d’élèves et enseignants (Apee). Et ces frais d’Apee «sont exigibles. Tous les élèves sont contraints de les verser. Ce n’est pas nous qui faisons la loi. C’est ainsi. Nous n’avons pas le choix », déclare un directeur d’école publique. De plus, dans plusieurs autres établissements scolaires de la ville de Garoua, les parents sont, en plus d’être obligés de payer les frais d’Apee, payer des uniformes de classe et même de fois celles de sport à leurs enfants, au sein de l’établissement. « C’est donc une question de dénomination. Frais de scolarité, frais d’Apee. Tous ces frais sont injectés dans les écoles. Et ce n’est pas aux parents de financer pour la construction des salles de classe, des toilettes, encore moins contribuer à la fabrication des tables bancs», pense un syndicaliste.

Pour Sadio, responsable d’une association des parents d’élèves et enseignants (Apee) d’une école primaire publique, l’argent collecté chez les parents n’est pas inscrit sur la ligne des frais de scolarité mais celui de l’Apee. « Il s’agit des frais d’Apee qui aident à l’entretien des salles de classe, à payer les instituteurs vacataires et même à la fabrication des tables bancs lorsque le besoin se fait ressentir», explique-t-il. D’après l’annuaire statistique du ministère de l’Education de base 2021/2022, la région du Nord compte à date 1882 écoles primaires ; soit 1651 publiques, 116 privées et 115 écoles communautaires. Sur les 1882 écoles primaires présentes dans la région du Nord, 97 sont dans le sous-secteur anglophone et 1785 dans le sous-système francophone.

Pour rappel, le Cameroun a ratifié certaines conventions internationales qui évoquent la gratuité de l’école. L’article 17 de la charte Africaine des droits de l’homme et des peuples ainsi que le décret n°2201/041 du 19 février 2001 sont relatifs à la gratuité de l’école. Cette disposition de la charte énonce d’ailleurs que «toute personne a droit à l’éducation. Toute personne peut prendre part librement à la vie culturelle de sa communauté. La promotion et la protection de la morale et des valeurs traditionnelles reconnues par la communauté constituent un devoir de l’Etat dans le cadre de la sauvegarde des droits de l’homme». Autant de lois qui encourageraient peutêtre les parents hésitants à envoyer leurs enfants à l’école, si elles étaient appliquées.

Source: L’OEIL DU SAHEL N°1714