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Opération Épervier : Atangana Kouna étrangement persécuté au ministère de la justice

Atangana Kouna Basile Atangana kouna

Mer., 23 Nov. 2022 Source: La Nouvelle N 677

On a beau fait de conserver une moue sereine, mais l’interrogation persiste : qu’a-t-il bien pu faire Basile Atangana Kouna au ministre d’Etat, Minjustice, Laurent Esso ? Car malgré, la volonté du parquet général du Tcs de mettre un terme au calvaire de cet ancien ministre de l’Eau et de l’Energie récemment libéré après qu’il ait restitué le corps du délit au Trésor public, ses comptes bancaires et ses biens sont toujours sous main de la justice, sur instructions expresses de Laurent Esso. Aussi scandaleux que cela puisse paraître, voilà comment cette affaire de la libération de ce natif de la Mefou et Akono, commence à être à la justice camerounaise ce que le western-spaghetti fut jadis au cinéma : un interminable feuilleton à l’intrigue de règlements de comptes politiques et de surenchère clanico-affairiste. Trop de pressions, trop d’enjeux… Mais inutilement, parce que la loi est formelle : Basile Atangana Kouna doit impérativement recouvrer tous ses biens. Décryptage.

On croyait à une boutade, mais son entourage confirme que Basile Atangana Kouna ne coule pas des jours tranquilles dans sa cossue résidence du quartier Golf à Yaoundé depuis sa sortie de prison. Au lieu-dit « Rond-point Bastos », la scène de cette vie dure était déjà suffisamment perceptible et saisissante, le vendredi 29 juillet dernier, le jour de sa libération, à travers quelques conciliabules, quand il a fallu recourir à une quête discrète pour pouvoir offrir des rafraîchissements aux nombreux parents, amis et connaissances accourus à l’annonce de sa libération.

« Depuis sa libération, l’ancien pensionnaire de Kondengui vit dans des conditions très difficiles. A ce jour, tous ses comptes bancaires et ses biens sont toujours sous main de la justice, sur instructions de Laurent Esso. Ceci, malgré la volonté du parquet général de mettre un terme à ce calvaire. L’ancien ministre n’arrive plus à assurer ses dépenses de santé et la scolarité de ses enfants dont la plupart sont encore des mineurs » , apprend-on dans cet entourage suffisamment remonté contre le ministre d’Etat, Garde des Sceaux, dont l’habileté et la détermination, pour cet entourage en colère, sont aux lisières du cynisme, voire de la cruauté. Même si Basile Atangana Kouna que nous avons eu au téléphone, joue l’apaisement, refuse de polémiquer, de s’installer visiblement dans une posture de victime, et assure en petits comités qu’il n’entend entrer en guerre contre personne, l’on crie à la machination dans cet entourage en furie. Ce qui, pour certains de ce même entourage, n’échappe pas au soupçon d’instrumentalisation politique. Mais à quelles fins et pour quelles raisons, puisque pour cet ancien pensionnaire de Kondengui, le Rdpc reste et demeure la seule chapelle politique de prédilection ?

« L’on se souvient que le président de la République a ordonné la libération d’Atangana Kouna en décembre 2020. Malgré les hautes instructions présidentielles, répercutées au ministre d’Etat, ministre de la Justice par le ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso, qui estime qu’il est le seul patron de la justice au Cameroun, a opposé, à plusieurs reprises, une fin de non-recevoir aux directives du chef de l’Etat, par ailleurs président du Conseil supérieur de la magistrature » , se souvient-on dans cet entourage avec une pointe d’acrimonie, avant d’ajouter, le plus sérieusement du monde : « Il a fallu que le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, lui réitère ces hautes instructions avec fermeté. Laurent Esso estimant que les « très hautes instructions » du chef de l’Etat » que lui répercutait Ferdinand Ngoh Ngoh n’avaient pas de sens et qu’il fallait que Paul Biya, lui-même, l’appelle directement, s’est finalement exécuté le 29 juillet dernier. Pourtant, il s’agit bien d’une prérogative constitutionnelle du président de la République. Basile Atangana Kouna a donc retrouvé sa liberté après avoir restitué le corps du délit, conformément à la loi portant création du Tribunal criminel spécial (Tcs) » .

Choc des egos

Bon à savoir : Basile Atangana Kouna a été remis en liberté le 29 juillet 2022, après que le procureur général près le Tcs, à la demande du ministre d’Etat, ministre de la Justice, ait requis l’arrêt des poursuites. Ceci, à la suite de la restitution du corps du délit au Trésor public, soit au total : 3,145 milliards de Fcfa. Toutefois, ceux qui, dans les milieux des magistrats, ont commencé à faire l’exégèse de ce qui apparait déjà à leurs yeux comme une obstination à garder inexplicablement les comptes bancaires et les biens de l’ancien Minee sous le boisseau de la justice, se souviennent que, même après cette restitution du corps du délit, le Minjustice a imperturbablement continué à s’opposer à la libération de Basile Atangana Kouna, en la conditionnant par la préalable confiscation de tous ses biens. Toute chose non prévue par la loi… Ceci, jusqu’à ce que le ton du président de la République soit davantage plus ferme. Laurent Esso aurait-il mal pris ce présidentiel taquet entre les oreilles ? Ceci pourrait-il expliquer son attitude de revanche actuelle ?

Il serait difficile de répondre à toutes ces questions. Mais, pour les grincheux nostalgiques, la persécution actuelle de l’ancien Minee aurait tout simplement un petit goût de revanche sur l’histoire. Ils prétendent à cet effet qu’après une intervention de Basile Atangana Kouna, pourtant jugée pertinente à l’époque par le Premier ministre, Philémon Yang, en conseil de cabinet à l’immeuble Etoile en 2016, Laurent Esso ne l’aurait pas appréciée. Cela aurait donc suffi à provoquer, entre les deux membres du gouvernement, un incompréhensible choc des egos. Pourtant, en tant qu’Administrateur provisoire de la Snec et par la suite Dg de la Camwater à Douala pendant plusieurs longues années, c’était l’idylle parfaite entre ces 2 grosses pointures du Rdpc, sur le plan politique, dans toutes les grandes batailles électorales dans le Wouri. Questions : qu’est-ce qui a bien pu se passer entre temps ? Qu’est-ce que cette élite de la Mefou et Akono a-t-elle bien pu faire au ministre d’Etat Laurent Esso dont la rancune semble si tenace, pour que celui-ci lui voue tant de haine ? Comme le prétendent certains ragotiers prolixes, serait-ce l’intrusion néfaste et médisante de Jean Pierre Amougou Belinga qui a toujours été vu à l’époque au ministère de la Justice en compagnie de ses adversaires politiques, au moment où Atangana Kouna officiait au Minee ? Difficile à dire. D’ailleurs, les mêmes se souviennent également des propos acerbes relatifs à l’incarcération à Kondengui de l’ancien Minee après son rapatriement de Lagos au Nigéria après un coup de fil du ministre d’Etat Sg/Pr. Réponse ainsi attribuée à Laurent Esso : « Quand vous êtes allé le chercher au Nigéria avec Mbarga Nguélé, pourquoi ne l’avez-vous pas laissé chez lui ? » Comprenne qui pourra. Seulement, pour nos mêmes grincheux nostalgiques, voilà autant de raisons pourquoi la vindicte actuelle de son persécuteur, l’ancien Minee doit inéluctablement la devoir à sa verve oratoire décomplexée et à sa repartie facile, parfois assimilées à du pédantisme par ses contradicteurs. Vrai ou faux ? Toujours est-il qu’aujourd’hui, les secrets ne sont plus que ce qu’ils étaient hier. Rien ne se cache. En dépit du luxe de précautions prises par les 2 parties, on finira par savoir la vérité un jour. Déjà que, sans que nous ayons eu la possibilité de faire des recoupements d’usage, d’autres langues médisantes proches de la chancellerie, ont commencé à prétendre que, aiguillonnés par une main invisible prête à toutes les concessions affairistes, des démarcheurs obscurs se seraient rapprochés du prisonnier affranchi, en jouant de leur prétendue proximité avec Laurent Esso comme d’un inépuisable fonds de commerce, pour proposer leurs services marchands et bienveillants à Basile Atangana Kouna. Comme pour corroborer, depuis la fameuse affaire des fonds disparus des comptes bancaires scellés de Michel Thierry Atangana, qu’il y a longtemps que personne ne doute des intentions de certaines personnalités friandes d’argent facile, de faire main basse sur les biens des prisonniers de luxe…

Source: La Nouvelle N 677