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40 ans à Etoudi: le vrai bilan qui scelle le sort de Paul Biya en 2025

Paul Biya est au pouvoir depuis 40 ans

Thu, 29 Dec 2022 Source: Économies Africaines

Le chef de l’État camerounais, dont le bilan à la tête du pays divise, ne laisse rien transparaître de son désir de passer ou non la main après 40 ans de pouvoir.

Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut.» Cette cinglante réplique de Paul Biya, le chef de l’État camerounais, à un journaliste qui le taquinait en 2015 sur sa longévité au pouvoir sonnait ce 6 novembre 2022 comme un défi à tous ses contempteurs. Car ce jour-là ses partisans, à la tête d’impressionnantes délégations du parti présidentiel, le RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), ont déferlé dans toutes les contrées du pays pour célébrer les 40 ans de l’accession au pouvoir du président Biya. Jean Nkuete, le secrétaire général du Comité central du RDPC, ne tarit pas d’éloges à l’endroit de son champion: «Ils sont innombrables, les chantiers imposants et multisectoriels qui ont été conduits durant ces quatre dernières décennies par le président Paul Biya, avec vision et maestria, en dépit des obstacles, des malversations, des résistances et des contrariétés, afin de donner corps à ses convictions intimes et d’exprimer sa personnalité foncièrement tournée vers la grandeur du Cameroun.

Bref, afin de faire de l’économie de notre pays l’une des rares économies pleinement autocentrées de l’Afrique centrale.» Et d’évoquer «sans être exhaustif» la mise en œuvre méthodique et irréversible des piliers de la démocratie et du développement durable, le déploiement phénoménal des infrastructures communicationnelles, éducatives, médicales et énergétiques, l’élargissement du tissu industriel, la dotation du pays en ressources humaines de haute qualité, le rayonnement de la diplomatie dans la galaxie des affaires internationales, les performances des athlètes et sportifs dans toutes les arènes du monde, l’éclat des Camerounais sur les autoroutes mondiales de la recherche et de la science, etc. Des commentaires dithyrambiques loin d’être partagés par les leaders de l’opposition et certains acteurs de la société civile. Parmi eux, le plus sévère est sans doute le président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun Maurice Kamto, arrivé deuxième à la dernière présidentielle et qui, à l’occasion des 40 ans de pouvoir de Paul Biya, a livré une analyse particulièrement critique du règne du chef de l’État – dont on rappelle qu’il a été le ministre de 2004 à 2011 –, promoteur de la politique dite du «Renouveau»: «Le «Renouveau» était un rêve sans contenu pour le Cameroun, et il a conduit notre beau pays à la ruine (…) Il a sans doute fait du mieux qu’il pouvait. Mais il doit avoir la lucidité de constater qu’il n’a pas pu apporter au Cameroun la démocratie et la prospérité. On peut donc conclure avec lui qu’il a échoué par rapport aux objectifs qu’il s’était lui-même fixé.»

Pire, poursuit Maurice Kamto en guise de bilan des 40 ans de pouvoir de Paul Biya, «son Renouveau aura été une régression nationale qui a œuvré à la division des Camerounais, installé un système inextricable de prédation et de détournement des fonds publics, détruit la morale publique, le patriotisme et le sens civique, plongé de façon délibérée le pays entier dans le chaos urbain, cassé l’ascenseur social et créé la culture du mépris des pauvres et de ceux qui pensent différemment». Paul Biya, qui a dit vouloir entrer dans l’histoire comme «celui qui a apporté la démocratie et la prospérité au Cameroun», n’est pourtant pas peu fier de son bilan. S’il ne fait jamais de déclaration lors de la célébration de son accession au pouvoir chaque 6 novembre, il ne manque aucune occasion de citer ses grandes œuvres, notamment dans le domaine de l’éducation, des infrastructures, de la santé ou encore de la promotion de la femme. Pour autant, à 89 ans dont 40 de pouvoir, et même s’il paraît épuisé par la tâche, le président Paul Biya ne laisse rien deviner de son intention de prendre ou non sa retraite.

Le 26 juillet dernier, lors d’une conférence de presse conjointe avec le président français Emmanuel Macron au palais de l’Unité, le président camerounais a été interrogé par une journaliste sur le point de savoir s’il serait à nouveau candidat à la présidentielle de 2025. Mais sa réponse, très attendue, n’a fait qu’ajouter à la perplexité de l’auditoire: «Mon mandat se termine dans trois ans. Et à ce moment-là, vous saurez si je reste ou si je rentre au village.»

Source: Économies Africaines