Le prix du carburant instable dans l’Extrême-Nord
Au septentrion, le prix varie d’une ville à l’autre. À l’Extrême-Nord, les prix de super et de gasoil à la pompe sont différents des autres régions du Cameroun. L’augmentation des coûts de ces deux produits pétroliers, entrée en vigueur depuis le 1er février dernier, est vécue de façon particulière dans cette partie du pays.
A Maroua par exemple, le litre du super est vendu à 754 FCFA et celui du gasoil à 744 Fcfa, soit une majoration de 24 FCfa par litre. Dans les départements, en dehors du Diamaré, ces tarifs sont en légère augmentation, du fait de la distance avec le chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord, explique-t-on. Pourtant, le gouvernement dans sa politique de réajustement a fixé ces prix respectivement à 730 Fcfa et 720 Fcfa. Que ce soit à Total, Tradex ou Ola, où nous sommes allés pour de besoin d’informations, les responsables de ces stations-services nous ont donné une même explication.
Selon eux, la majoration de 24 F représente les frais de transport. Car, il n'y a aucun dépôt de carburant dans la région de l’Extrême-Nord. « Vous devez comprendre qu’on n’a pas de dépôt à l’Extrême-Nord. Tout nous vient d’ailleurs, soit de Douala de Yaoundé ou de Garoua. Et lorsque les produits viennent de Garoua, comme dans la majorité des cas, il n’est pas surprenant que les prix changent. Sinon, qui va supporter les pertes ? Nous sommes une entreprise, et nous ne pouvons pas accepter de tourner en perte », confié une source à la station-service Total.
La même source ajoute que si les consommateurs veulent une baisse, ils n’ont qu’à demander au gouvernement, le seul garant », tranche-t-il. En précisant que la situation n'est pas nouvelle. Celle-ci est connue et acceptée par le ministère du Commerce qui homologue et fixe les modalités de distribution. L’absence de la Société camerounaise de dépôt pétroliers (SCDP) dans cette région est la cause de ce problème.
BAISSE DE VENTE
En réalité, cette hausse de prix a, d’ores et déjà, des répercutions fâcheuses tant sur les recettes des entreprises distributrices que sur les consommateurs. « Depuis l’entrée en vigueur de cette augmentation des prix, on a connu une baisse des clients. Certains clients ne viennent plus. Ils préfèrent, maintenant, le zoua zoua (carburant frelaté ndlr). La vente est en baisse. J’imagine que c’est la même chose qui se passe chez nos concurrents. Puisque nous vendons pratiquement aux mêmes prix », s’inquiète un pompiste en service à Ola.
En donnant l’aperçu de cette situation, ce dernier indique qu’il remplissait le bidon de 25 litres de gasoil à la somme de 16.000 F contre 20.000F avec ce nouveau prix. Une déclaration qui fait jaser. « Depuis 2012, je consommais dans les stations-service mais maintenant, c’est le zoua zoua que je consomme. Tant que le Nigeria vit, je ne souffre pas », indique Hamidou Bobbo. Une manière de boycotter les produits issus des stations-services. Les populations souhaitent l’implantation du dépôt de la SCDP dans la région de l’Extrême-Nord, pour bénéficier de la réduction des prix des produits pétroliers.
