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Cameroun : La rareté des pièces de monnaie crée des tensions dans la région de l'Ouest

Image illustrative

Thu, 13 Apr 2023 Source: www.camerounweb.com

La pénurie artificiellement entretenue couvrirait un important trafic. Le ton est monté. Quand Jean entre dans le bar mardi dernier au lieudit Carrefour Socada, il a visiblement soif. A peine s'asseoit-il qu'une jeune serveuse arrive et prend sa commande. 700F, lui dit-elle. II sort un billet de 1.000F. « Monsieur, il faut les pièces. Donnez-moi 200F » , fait-elle, sans même s'en référer à la caissière. « Apportez ma bière, je la paierai au moment de partir, même s'il faut aller chercher les pièces dans la voiture » , observe-t-il. La serveuse refuse. Elle ne semble même pas disposée à aller en chercher pendant que le monsieur boit. Les voix montent. « Il n'y a pas de pièces au Cameroun, mon frère » , fait savoir un premier qui vient au secours de la vendeuse. « II faut souvent marcher avec les pièces. C'est comme ça que moi je fais pour éviter les ennuis » , ponctue un second, qui achève d'énerver Jean. qui se lève et s'en va.

Personne n'en a cure. « Ah, il croit que quoi ? Il n'est pas le seul dient » plaisantent-ils.

Quid des charges à payer par le promoteur à la fin du mois ?

Plus tôt, au Yacht Center, visiblement le vrai supermarché de Bafoussam. Après avoir fait des emplettes, un client se retrouve à payer la somme de 47.200F. Il sort cinq billets de 10.000F. « Monsieur, nous n'avez pas 200F ? Il faut 200 sil vous plait » , dit la caissiere.

Monsieur n'a rien. Elle lui propose de « compléter sa facture

» avec des victuailles : biscuits,

kleenex, bonbons... afin de faciliter le remboursement. Ce qu'il refuse. Eton lui propose de prendre un coupon sur lequel on va inscrire le montant restant, afin qu'il l'utilise pour une prochaine facture. « Pourquoi vous n'écrivez pas sur le coupon le montant de 200F que je vous paierai la prochaine fois ? » , s'énerve-t-il. La conversation s'enlise. Elle sera dénouée par un autre client qui donne à la caissière, les moyens de rembourser.

Affaires ratées

Sincérité ou feinte. la majorité des commercants de Bafoussam sont sur la défensive.

Même lorsque vous en voyez plein dans leur caisse, leur première réaction est de vous demander si vous n'avez pas de pièce. Puis ils hésitent pour modifier votre comportement, et accompagnent tout remboursement par un sentiment d'agacement. « Mon père, tu as fini mes pièces » , lancent les femmes.

Dans les débits de boissons, les vendeurs refusent parfois de retourner au client les pièces qu'il a préalablement données pour payer une première note, quitte à en faire un « pourboire obligatoire ». « Les gens doivent être conséquents et fixer le prix de leurs marchandises en fonction de leur capacité à nous rembourser. Quitte à ce que, mécontents, nous refusions de payer au lieu de nous embrouiller avec des questions rhétoriques. Dans la norme, c'est le vendeur qui prévoit la différence» , analyse Honoré Tchuisse, un citoyen de la ville. Il ne s'agit pas que d'une histoire de Bafoussam. Devant la phobie de manquer de pièces, des stocks sont sortis du circuit et thesaurisés. Dans la périphérie, certains commerçants, surtout au féminin, sont tellement paresseux qu'ils s'assoient et attendent que les acheteurs aillent chercher les jetons dans le marché, pour venir les payer.

Dans le transport public, les tarifs varient selon que le passager a ou non les pièces. Ceux qui en ont, ont également le pri vilège de proposer (payer moins que le coût homologué), alors que ceux qui obligent le taximan à rembourser paient plus, en quelque sorte une taxe sur la monnaie. Un business est né autour de la circulation des pièces. Les responsables paroissiaux chargés du décompte des collectes dominicaines sont fortement sollicités par les fidèles qui mènent des activités lucratives, pour changer les pièces versées pendant l'office.

Selon les analystes, Bafoussam est une zone de collecte.

Les épargnes y sont donc plus importantes que les retraits l'argent circule peu. La rareté des pièces y est moins ressentie qu'à Douala et Yaoundé. Sur le plan technique, l'on reconnaît que les pièces de monnaie actuelles sont sorties du circuit pour être utilisées à des fins artistiques ou exportées frauduleusement, tel qu'on l'a vu avec la saisie d'un container pour Chinois au port de Douala.

C'est pourquoi dans les stocks de nouvelles pièces attendues, l'on souhaite des alliages moins attrayants et difficiles à fondre.

Source: www.camerounweb.com