Tribalisme : Calixthe Beyala très en colère
Dans une tribune poignante publiée sur ses réseaux sociaux, l’écrivaine franco-camerounaise Calixthe Beyala revient sur l’histoire douloureuse de son peuple, les Eton, dénonçant les stéréotypes et la mise à l’écart dont ils ont été victimes au Cameroun. Avec émotion, l’auteure évoque la marginalisation de ce peuple depuis l’époque coloniale, alimentée par des calomnies persistantes qui ont marqué la société camerounaise.
Selon Calixthe Beyala, tout a commencé après l’assassinat du nationaliste Osandé Afana. Les Eton, un peuple dynamique et reconnu pour ses intellectuels et savants, ont été progressivement écartés de la sphère publique. Elle accuse l'administration coloniale et les tenants du pouvoir d’avoir orchestré une vaste campagne de désinformation contre les Eton, les décrivant sous des traits dégradants. "On disait alors qu’ils étaient des mangeurs de savon, des sauvages, des impulsifs, des incontrôlables", déplore-t-elle. Ces préjugés ont alimenté une image stéréotypée, rabaissant ce peuple et lui ôtant toute légitimité dans les postes de responsabilité.
Calixthe Beyala, elle-même issue du peuple Eton, souligne la souffrance silencieuse de sa communauté face à ces accusations infondées. Elle se souvient du traumatisme vécu par sa propre grand-mère, qui murmurait souvent : "C’est de la faute de Mbida et d’Afana !", en référence à André-Marie Mbida, premier Premier ministre du Cameroun indépendant, et à Osandé Afana, figures marquantes de la lutte anticoloniale, dont les destins tragiques ont marqué la mémoire collective des Eton.
L’écrivaine évoque aussi l’impact de ces stéréotypes dans sa propre vie professionnelle, rappelant que certains Camerounais utilisaient l’expression « le quart d’heure de la folie Eton » pour discréditer sa parole d’écrivaine. Malgré tout, Calixthe Beyala insiste sur la résilience de son peuple : "Le peuple Eton, calme et brillant, a subi tout cela sans haine". Elle rend hommage à la richesse intellectuelle de cette communauté, comptant parmi ses membres "de grands intellectuels, de magnifiques savants et d’extraordinaires hommes et femmes de lettres".