La récente visite de Ferdinand Ngoh Ngoh dans le département de la Lekié a tourné au vinaigre, selon plusieurs témoignages recueillis par notre rédaction. L'émissaire du Président Paul Biya, dépêché le 9 mars 2025 pour superviser l'avancement des travaux de réhabilitation de la route connue sous le nom de "Boucle de la Lekié", n'a pas répondu aux attentes des populations locales.
Venu officiellement pour "apprécier l'évolution des travaux" confiés à l'entreprise Arab Contractors, le Ministre d'État, Secrétaire général de la présidence de la République, a passé plus de cinq heures à Monatélé à accorder des audiences aux élites, forces vives, autorités administratives, politiques, traditionnelles et opérateurs économiques de la région.
Selon nos sources, cette approche basée sur "l'écoute attentive" aurait été adoptée par Ferdinand Ngoh Ngoh après sa mésaventure dans la région de l'Extrême-Nord, où des cadres du RDPC en colère l'avaient empêché de quitter les lieux sans les écouter.
Malgré ces longues heures d'audiences et de recueil de doléances, la déception était palpable parmi les populations à l'issue de la visite. "Quel chichard ! Biya envoie un chichard comme ça en période électorale ?" s'est exclamé un villageois sous couvert d'anonymat, exprimant un sentiment largement partagé dans la Lekié.
Selon plusieurs témoins interrogés par notre rédaction, les habitants espéraient des gestes concrets, notamment des appuis financiers directs, communément appelés "mallettes" dans le jargon politique local. La frustration est d'autant plus grande que cette visite intervient dans un contexte pré-électoral où de telles pratiques sont habituelles.
Le ministre a évoqué des "projets programmés" qui devraient "entrer dans leur phase d'exécution" pour contribuer au désenclavement des bassins de production du département. Il a également mis en avant le paiement récent des décomptes de l'entreprise chargée des travaux de réhabilitation de trois sections de routes régionales.
Cependant, ces annonces n'ont pas suffi à apaiser les tensions. "On nous parle toujours de projets, mais nous voulons du concret. Les routes sont dans un état déplorable depuis des années," a confié un opérateur économique de la région.
La délégation ministérielle a quitté Monatélé aux environs de 20h15 pour se rendre à Sa'a, accompagnée du ministre des Travaux Publics, du gouverneur de la région du Centre et du préfet de la Lekié. Certaines sources évoquent un empressement inhabituel, possiblement lié à l'atmosphère tendue qui régnait lors de cette visite.
Cette tournée, qui devait renforcer l'adhésion populaire au régime en place, semble avoir eu l'effet inverse, laissant derrière elle une population encore plus mécontente et des attentes non satisfaites.