La visite du Ministre d'État Ferdinand Ngoh Ngoh à Douala ce 14 mars 2025 pour inaugurer le Centre de Production des Titres Identitaires soulève des interrogations sur l'équilibre des pouvoirs au sein de l'exécutif camerounais. Cette apparition en qualité de "représentant personnel du président de la République" marque une nouvelle étape dans l'ascension d'une figure dont l'influence ne cesse de croître.
L'inauguration d'infrastructures majeures relève normalement des attributions du Premier ministre, selon la répartition classique des rôles au sein de l'exécutif. Or, c'est bien le Secrétaire Général de la Présidence qui occupe désormais le devant de la scène, lors d'événements officiels d'envergure nationale.
Cette présence récurrente de M. Ngoh Ngoh dans des fonctions de représentation du Chef de l'État, d'abord dans l'Extrême-Nord, puis dans la Lekié, et maintenant à Douala, la capitale économique, dessine un schéma de redistribution informelle des responsabilités au sommet de l'État.
"Le gars est déjà en train de tracer lentement et sûrement son chemin vers Étoudi," note-t-on dans les cercles d'observateurs politiques. L'accumulation de ces apparitions publiques, associée à une mainmise sur des dossiers stratégiques, consolide un positionnement privilégié dans l'appareil d'État.
Cette dynamique s'accompagne d'une visibilité accrue auprès des populations et des corps constitués. L'accueil protocolaire réservé au Ministre d'État par le Gouverneur du Littoral et le Délégué général à la Sûreté nationale témoigne de cette reconnaissance institutionnelle.
La montée en puissance de Ferdinand Ngoh Ngoh s'opère cependant dans un cadre institutionnel où la légitimité démocratique reste un enjeu central. "Sauf qu'il ne sait pas que le peuple a son mot à dire," rappelle-t-on, soulignant le fossé potentiel entre les manœuvres institutionnelles et l'adhésion populaire.
Cette reconfiguration subtile du pouvoir, que certains n'hésitent pas à qualifier de "coup d'État" administratif, pose la question fondamentale de l'avenir politique du Cameroun et des mécanismes de dévolution du pouvoir dans un pays en attente de renouvellement.
Alors que les infrastructures comme le Centre de Production des Titres Identitaires représentent des avancées concrètes pour la population, le contexte politique dans lequel s'inscrivent ces réalisations suscite des interrogations sur les véritables enjeux de pouvoir qui se dessinent en coulisses.