Jeune Afrique revient sur la vaste opération de fermeture d'églises clandestines menée par les autorités camerounaises à Yaoundé, mettant en lumière un phénomène qui prend de l'ampleur dans la capitale du pays.
Selon les informations rapportées par Jeune Afrique et l'AFP, la capitale camerounaise compterait des centaines d'églises opérant sans l'autorisation requise des autorités. Ces derniers mois, des dizaines d'entre elles ont été fermées par le gouvernement dans différents quartiers de Yaoundé.
D'après le quotidien public *Cameroon Tribune*, près de 190 églises ont été contraintes de cesser leurs activités début mars, uniquement dans le quatrième arrondissement de la capitale. Un recensement effectué en juillet dernier avait identifié pas moins de 615 lieux de culte dans cette zone, dont un tiers fonctionnait sans l'autorisation présidentielle obligatoire.
Au Cameroun, l'installation d'une église est soumise à une autorisation délivrée par le président de la République lui-même. Cette particularité réglementaire explique pourquoi de nombreuses églises, notamment de la mouvance évangéliste, choisissent d'opérer dans la clandestinité.
Cette opération de démantèlement n'est pas survenue par surprise. En janvier, le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait clairement annoncé que les promoteurs des églises devaient se mettre en règle avec la législation en vigueur.
Joseph Alain Etoundi, sous-préfet de Yaoundé VI, a déclaré le 13 mars : "Dans cet arrondissement, nous en avons fermé une centaine et une dizaine ont régularisé leur situation jusqu'à hier, 88 au total demeurent closes car elles n'ont pas d'autorisation". Il a précisé que le recensement des structures religieuses opérant illégalement était toujours en cours.
Le représentant de l'État a également mis en avant la problématique des nuisances sonores : "Pendant nos sorties sur le terrain, nous profitons pour mieux les détecter et régler le problème de la pollution sonore qu'elles causent souvent". Selon lui, de nombreuses dénonciations émanent de riverains "indisposés par le bruit" généré par ces lieux de culte.
Cette campagne de fermeture soulève des questions sur l'équilibre entre la régulation nécessaire des lieux de culte et le respect de la liberté religieuse dans le pays. Alors que certains voient dans ces mesures une volonté légitime de mettre de l'ordre dans un secteur parfois anarchique, d'autres s'inquiètent des restrictions potentielles à la pratique religieuse, particulièrement pour les mouvements évangéliques en pleine expansion au Cameroun.
Les autorités, quant à elles, semblent déterminées à poursuivre cette politique de régularisation des lieux de culte dans la capitale et potentiellement dans d'autres régions du pays.