Alors que les villes camerounaises croulent sous les déchets, les édiles réunis à Nkolandom ont lancé un vibrant appel pour une nouvelle candidature de Paul Biya en 2025. Un soutien qui fait grincer des dents dans une population exaspérée par les problèmes quotidiens.
L’image pourrait prêter à sourire si elle n’était pas aussi symbolique des paradoxes camerounais. Ce 5 avril 2025, dans la grande salle climatisée du Centre Touristique de Nkolandom, près d’Ebolowa, les maires des principales villes du Cameroun, réunis en Assemblée Générale de l’Association des Maires des Villes du Cameroun (AMVC), ont unanimement appelé le président Paul Biya à briguer un nouveau mandat en octobre 2025.
Pendant que ces élus votaient une motion de soutien « total et indéfectible » au chef de l’État, des montagnes d’ordures continuaient de s’entasser dans les rues de Douala, Yaoundé, Bamenda ou Bafoussam, faute de collecte régulière. Un contraste qui n’a pas échappé aux citoyens, excédés par des services urbains défaillants malgré les promesses répétées de la décentralisation.
Dans leur déclaration solennelle, les maires ont loué « la décentralisation prônée et soutenue par le chef de l’État », y voyant « l’unique voie pour accélérer le développement du Cameroun dans la paix, la prospérité et le plein emploi ».
Pour les observateurs, cet appel des maires relève moins d’un véritable enthousiasme que d’une manœuvre de loyalisme envers le régime. « C’est une tradition au Cameroun : les élus locaux, souvent nommés ou soutenus par le pouvoir central, multiplient les déclarations d’allégeance pour s’assurer de leur maintien », analyse un politologue.
Certains y voient aussi une tentative de détourner l’attention des échecs municipaux. « Au lieu de s’occuper des problèmes concrets, ils préfèrent jouer les courtisans à Nkolandom », ironise un activiste sur les réseaux sociaux.