Malgré l'absence de victoires majeures, l'ancien capitaine des Lions Indomptables a entrepris une transformation profonde du football camerounais
Quatre ans après son élection à la présidence de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), Samuel Eto'o fait face à un constat sportif sans appel : son mandat n'a pas encore été couronné par un trophée majeur, une exception parmi les présidents de la FECAFOOT au 21e siècle.
Les chiffres sont éloquents lorsqu'on compare le bilan sportif de l'administration Eto'o à celui de ses prédécesseurs. Iya Mohamed, arrivé par intérim en 1998, a vu le Cameroun remporter la CAN 2000 (troisième étoile) et décrocher la médaille d'or aux Jeux Olympiques de Sydney la même année. Tombi A Roko, élu en 2015, a connu le sacre continental de 2017 (cinquième étoile) seulement deux ans après son arrivée. Même Seidou Njoya, dont le mandat fut contesté, a vu les Lions U17 remporter la CAN de leur catégorie en 2019, un an après son élection.
En comparaison, la mandature d'Eto'o, qui avait suscité tant d'espoirs lors de son élection triomphale en décembre 2021, n'a pas encore connu de consécration sportive majeure. Les performances des différentes sélections nationales ont même été parfois décevantes, notamment lors des éliminations précoces en compétitions continentales.
Si le palmarès reste vierge, il serait cependant réducteur de limiter l'analyse du mandat d'Eto'o aux seuls résultats sportifs. L'ancien capitaine des Lions Indomptables a en effet engagé des réformes structurelles considérées comme nécessaires par de nombreux observateurs.
"Samuel Eto'o a hérité d'une fédération fragilisée par des années de gestion contestée et de conflits internes," explique Dieudonné Mbarga, analyste du football camerounais. "Il a d'abord dû assainir les finances et restructurer l'organisation avant de pouvoir espérer des résultats sportifs."
Parmi les actions significatives entreprises sous son mandat, on peut citer la professionnalisation du championnat national, l'amélioration des infrastructures d'entraînement, et surtout la lutte contre la corruption dans le milieu footballistique camerounais. La FECAFOOT a également renforcé sa politique de détection des jeunes talents et amélioré ses relations avec la diaspora footballistique camerounaise.
"Ces réformes prennent du temps avant de porter leurs fruits sur le plan sportif," souligne Francis Nkwain, ancien entraîneur. "On ne peut pas transformer en profondeur un système et s'attendre à des résultats immédiats."
Il convient également de noter que le football africain et mondial a connu une intensification de la concurrence ces dernières années. Les nations traditionnellement considérées comme "petites" investissent massivement dans leur football, tandis que les ressources du Cameroun restent limitées malgré les efforts de la FECAFOOT.
"Le contexte sportif international est beaucoup plus relevé aujourd'hui qu'il y a vingt ans," observe Patricia Mballa, journaliste sportive. "La Coupe d'Afrique des Nations est devenue une compétition extrêmement disputée où près de dix équipes peuvent légitimement prétendre au titre."
À l'approche de la fin de son mandat, Samuel Eto'o fait face à un double défi : concrétiser ses réformes par des résultats sportifs tangibles tout en consolidant les changements structurels initiés.
La question qui se pose désormais est de savoir si le temps jouera en sa faveur. Ses partisans estiment que les fondations sont désormais solides pour que les prochaines années soient plus fructueuses sur le plan sportif. Ses détracteurs, eux, considèrent que quatre années sans trophée constituent un échec pour une nation aussi prestigieuse que le Cameroun, quintuple champion d'Afrique.
Une chose est certaine : le débat sur le bilan d'Eto'o à la tête de la FECAFOOT s'annonce comme l'un des enjeux majeurs des prochaines élections fédérales. Entre palmarès sportif et transformation structurelle, les électeurs devront trancher sur les priorités pour l'avenir du football camerounais.