Un chiffre alarmant, d’autant plus que plus de la moitié des personnes atteintes ignorent leur état et ne sont diagnostiquées qu’au stade des complications, ce qui entraîne des coûts extrêmement élevés pour les individus, les familles et l’État.
Le Pr Eugene Sobngwi, endocrinologue, déplore cette situation. Ce d’autant plus que la proportion de personnes non diagnostiquées dans cette tranche d’âge est de 73,1%. Ces chiffres, publiés dans le dernier Atlas du Diabète FID (2025) par la Fédération internationale du diabète le 7 avril dernier, révèlent que la prévalence de la maladie au Cameroun est en constante augmentation depuis 2011, et ce, jusqu’en 2024. La croissance de ce fardeau est due à l’augmentation de la prévalence de la maladie et à l’évolution démographique du pays, avec un nombre croissant de personnes atteintes de diabète, liées en grande partie aux changements dans les habitudes alimentaires et l’activité physique. Selon le Pr Sobngwi, la Fédération internationale du diabète (FID) prévoit que 1,9 million de personnes seront atteintes de diabète au Cameroun d’ici 2050.
À l’échelle mondiale
Environ 589 millions d’adultes âgés de 20 à 79 ans vivent avec le diabète. Cela représente environ 11,1 % de la population adulte de cette tranche d’âge, soit une personne sur 9. Parmi eux, plus de 4 personnes sur 10, soit 252 millions, ignorent qu’elles sont atteintes de la maladie. L’Afrique n’échappe pas à cette dynamique. En effet, 24 600 personnes de cette tranche d’âge vivent avec la maladie sur le continent, pour un taux de prévalence de 4,2 %. Toutefois, 73 % de ces personnes ne sont pas diagnostiquées. Une autre réalité inquiétante est que plus de 80% des adultes atteints de diabète vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire.
La FID prévoit qu’en 2050, environ 853 millions de personnes vivront avec le diabète dans le monde, ce qui représenterait une augmentation de 46%. La plupart des personnes atteintes de diabète (plus de 90%) souffrent de diabète de type 2, dont les principaux facteurs d’augmentation sont l’urbanisation, le vieillissement de la population, la diminution de l’activité physique, ainsi que la hausse du surpoids et de l’obésité.
Des traitements inaccessibles
Le Pr Sobngwi déplore que, contrairement aux traitements pour le VIH, qui bénéficient d’une solidarité mondiale, les traitements pour le diabète restent financièrement inaccessibles pour de nombreuses personnes au Cameroun. Cette situation empêche un accès généralisé aux soins et aux médicaments nécessaires pour gérer la maladie efficacement. Le diabète est une maladie chronique grave, responsable de près de 2 millions de décès par an dans le monde. Toutefois, le Pr Sobngwi affirme qu’il est possible de réduire l’impact du diabète en prenant des mesures préventives et en fournissant des diagnostics précoces et des soins appropriés. De telles mesures permettent de prévenir ou de retarder les complications liées à la maladie. Selon lui, la prévention du diabète ne devrait pas être considérée comme un simple problème médical, mais comme un problème sociétal. Les systèmes alimentaires, l’amélioration des conditions favorisant l’activité physique, comme la création de chemins piétons et cyclistes sécurisés, et le soutien à la production d’aliments sains sont des solutions pour limiter la progression de la maladie.
L’Atlas du Diabète FID fournit des statistiques complètes sur la prévalence du diabète, la mortalité associée et les dépenses de santé au niveau mondial, régional et national. Cet outil, qui fait autorité, a été publié pour la première fois en 2000 et en est maintenant à sa 11 édition. Le Pr Eugene Sobngwi fait partie des rédacteurs de cette importante publication, qui montre l’ampleur croissante du diabète à travers le monde.