Révélations/Affaire Solange Taba : Le clan Nanga-Eboko tente de faire libérer l'ex-sous-préfet condamné pour meurtre

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Tue, 22 Apr 2025 Source: www.camerounweb.com

Une affaire judiciaire qui fait grand bruit remonte à la surface, révélant les possibles manipulations des coulisses du pouvoir camerounais. Selon des informations exclusives obtenues par le journaliste et lanceur d'alerte Boris Bertolt, d'importantes pressions seraient exercées pour faire libérer Franck Derlin Oyono Ebanga, ancien sous-préfet de la Lokoundjié, condamné pour l'assassinat de sa compagne.

Le 6 mars 2025, le tribunal militaire avait condamné l'ex-administrateur civil à 10 ans d'emprisonnement et à une amende de 45 millions de FCFA pour le meurtre de Lydienne Solange Taba, une étudiante avec qui il entretenait une relation amoureuse. La jeune femme avait reçu un coup de feu alors qu'elle se trouvait au domicile du sous-préfet et avait succombé à ses blessures peu après son évacuation à l'hôpital de district de Kribi.

Cette peine, déjà considérée comme légère par de nombreux observateurs et associations de défense des droits des femmes, pourrait être encore allégée, voire annulée. En effet, non satisfait de cette condamnation, Franck Derlin Oyono Ebanga a fait appel de la décision, déclenchant une série de manœuvres en coulisses.

Selon les révélations de Boris Bertolt, les élites de la région de la Haute-Sanaga, d'où est originaire le condamné, se mobiliseraient activement pour que la décision du tribunal militaire soit cassée en appel. Issu d'une famille influente, l'ancien sous-préfet bénéficierait de soutiens puissants déterminés à lui faire retrouver sa liberté malgré la gravité des faits qui lui sont reprochés.

"Le clan Nanga-Eboko s'active actuellement pour que la condamnation du tribunal militaire soit cassée et annulée", affirme le lanceur d'alerte, soulignant l'influence que certaines familles peuvent exercer sur l'appareil judiciaire camerounais.

Ces pressions surviennent dans un contexte particulièrement sensible, quelques semaines seulement après la libération controversée d'Éric Békobé. Ce dernier, reconnu coupable de violences conjugales ayant entraîné la mort de son épouse Diane Yangwo, a été libéré et condamné à une simple amende de 53 000 FCFA, provoquant l'indignation des associations féministes et de défense des droits humains.

Le parallèle entre ces deux affaires est saisissant et soulève de graves questions sur le traitement judiciaire des féminicides au Cameroun. "Franck Derlin Oyono Ebanga est donc sur les traces de Eric Békobé. Deux tueurs de femmes : l'un fait tout pour sortir de prison et l'autre est sorti. Tandis que les voleurs de portables sont dans les prisons", s'indigne Boris Bertolt.

Cette affaire met en lumière ce que de nombreux critiques qualifient de "justice à deux vitesses" au Cameroun. D'un côté, des auteurs de crimes graves bénéficiant de réseaux d'influence capables d'infléchir le cours de la justice ; de l'autre, des délinquants mineurs purgeant de lourdes peines pour des délits sans commune mesure avec le meurtre.

Les associations de défense des droits des femmes ont d'ores et déjà annoncé leur intention de se mobiliser pour que justice soit rendue à Lydienne Solange Taba et que son assassin purge intégralement sa peine. Elles appellent également à une réforme du système judiciaire pour mettre fin à l'impunité dont bénéficient trop souvent les auteurs de violences faites aux femmes au Cameroun.

Source: www.camerounweb.com