Peine de prison : ça ne s'annonce pas bien pour Francis Ngannou

Le journaliste Paul Chouta craint le pire pour son pays. Sur les réseaux sociaux, l’homme également lanceur d’alerte reconnaît que « le Cameroun est mal parti ». C'est fini, complète-t-il, « le tableau est sombre. Mon pays s'effondre. Le degré d’aliénation fait peur. Le peuple n'a plus de boussole. Il s'oppose désormais à la vérité et défend les antivaleurs. On est foutu ».

Le ciel me tombe sur la tête. La réaction de certains de mes compatriotes suite à l'affaire Francis Ngannou me déchire. Nous sommes mangés à toutes les sauces parce qu'on a osé demander que lumière soit faite sur ce tragique accident ayant coûté la vie à la jeune Ntsama Manuella et impliquant directement Francis Ngannou.

Nous sommes traités de tous les noms d'oiseaux parce qu'on a exigé qu'une procédure soit ouverte pour dégager les différentes responsabilités. Nous sommes jetés en pâture parce qu'on demande l'interpellation de Francis Ngannou et qu'il soit présenté à la justice pour élucider cette affaire. Mais bon sang ! Qu'est-ce qui vous arrive ? On parle ici d'une vie humaine prématurément écourtée. Avez-vous un cœur ? Êtes-vous sensibles ?

Le jour que vous saurez ce que c'est que l'inaliénabilité de l'être humain, vous aurez une once d'humanisme. Il s'agit d'une jeune fille, pleine de vie, décédée dans les circonstances encore opaques. Alors, lumière doit être faite pour prévenir ce genre de situation qui peut arriver à n'importe qui demain. Certains arguent que Francis Ngannou ne soit pas être entendu, parce qu'il aurait amené la jeune fille à l’hôpital. S'il l’a vraiment fait, cela relève de la bonne foi, mais cela n’exclut pas sa responsabilité pénale dans cette affaire.

Donc comme c'est Francis Ngannou, la procédure ne doit pas se faire ? Pas de constat, ni un procès-verbal d'enquête sur l'accident ? En clair, ce qu'il faut alors retenir, c'est que la fille est morte et qu'il a pris le soin de la transporter à l'hôpital et puis basta ? Ainsi, les Camerounais refusent qu'on applique la règle à Ngannou parce qu'il est star. Les mêmes personnes qui viennent souvent nous écrire en inbox pour réclamer justice contre ceux qui détiennent le pouvoir et les emprisonnent refusent aujourd’hui qu’on traite un homme comme Francis Ngannou sur un pied d’égalité que tous les citoyens.

Si notre justice est aujourd'hui en garde-à-vue, c'est d'une part à cause de ce type de réactions. Par conséquent, nous sommes complices de la destruction de notre justice. La chose élémentaire que nous demandons aujourd'hui, c'est l'équité parce que dans notre pays, les forts écrasent les faibles et nous devons tous combattre cela peu importe les circonstances.

Où sont passés les autorités morales, ceux-là qui doivent se prononcer lorsqu’une société a perdu ses repères et banalise la mort des plus faibles ? Pourquoi les défenseurs des droits de l’homme et des femmes sont si silencieux ? Que disent les magistrats et autorités judiciaires qui sont des pères, mères de famille ? Ça n’arrive pas qu’aux autres ; ce qui est arrivé à Ntsama pourrait un jour arriver à votre fille. Le problème du Cameroun est mystique.

Le message que vous renvoyez à travers l'affaire Francis Ngannou est très fort. Ce message est que la vie d’une vedette est supérieure à celle du citoyen lambda et pourtant toute vie est une vie ; il n’y a pas de vie supérieure à une autre. Vous normalisez le fait que la vie des no name ne vaut rien devant celle d'une star. Que les stars ont désormais un droit de vie et de mort sur les citoyens lambda.

En clair, Paul Chouta et d’autres acteurs de la société demandent que Francis Ngannou soit interpellé, écouté et que les responsabilités soient situées. Selon plusieurs de nos sources, le compte rendu d’accident accable nettement le champion du monde poids lourds de l’UFC qui roulait à vive allure. La sanction pourrait donc être lourde de conséquences pour lui, allant d’une peine de prison et d’une forte somme à verser à la famille de la victime comme dédommagement.