Cameroun: Paul Biya se fait allumer sauvagement sur la toile après une sortie ratée

Paul Biya Tombe Paul Biya

Tue, 29 Apr 2025 Source: www.camerounweb.com

Alors que l'élection présidentielle camerounaise se profile à l'horizon, le président Paul Biya a intensifié sa présence numérique, rejoignant ainsi ses adversaires politiques comme Maurice Kamto, Cabral Libii, Serge Espoir Matomba et Joshua Osih dans la bataille des réseaux sociaux. Sa récente publication saluant la société civile camerounaise a déclenché une vague de réactions virulentes, révélant les tensions sous-jacentes dans un pays dirigé depuis plus de quatre décennies par le même homme.

Le 28 avril 2025, le chef de l'État camerounais a publié sur sa page Facebook un message élogieux envers la société civile du pays : « La société civile camerounaise est d'un dynamisme remarquable et d'une contribution appréciée à l'éducation à la citoyenneté, à la promotion des causes de natures diverses (politique, économique, culturelle, environnementale, corporatiste, etc.). Ma conviction est qu'il n'y a pas de régime démocratique prometteur, sans société civile énergique. »

Cette sortie médiatique s'inscrit dans une stratégie de communication renouvelée du président nonagénaire, qui, depuis début avril, a considérablement augmenté ses interactions sur les plateformes sociales. Cette initiative intervient à quelques mois seulement du scrutin présidentiel prévu en octobre, dans ce qui ressemble fort à une précampagne électorale à peine voilée.

La réaction des internautes ne s'est pas fait attendre, et le contraste entre l'éloge présidentiel et la réalité vécue par les organisations de la société civile a été pointé du doigt. « D'aucuns disent que Paul Biya n'est pas le problème, ce sont ses ministres et directeurs généraux... Mais qui les nomme ? », s'est interrogé un utilisateur, remettant en question la cohérence du discours présidentiel.

Le cas du REDHAC (Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale) a cristallisé les critiques. Plusieurs internautes ont dénoncé les pressions exercées sur cette organisation à Douala, certains allant jusqu'à interpeller directement le président : « Monsieur le président excellence, chef de l'État, chef suprême des armées, sur ce DONNEZ DES HAUTES INSTRUCTIONS AU MINAT de desceller les locaux du REDHAC à Douala, je vous remercie. »

La publication présidentielle a également servi de caisse de résonance pour d'autres préoccupations nationales urgentes. La question des Camerounais expulsés de Guinée équatoriale a notamment été soulevée : « Parlez-nous de nos frères déportés de la Guinée Équatoriale », a exhorté un commentateur, soulignant l'absence de réponse officielle face à cette crise humanitaire.

Cette déconnexion apparente entre les propos officiels et les attentes citoyennes a nourri un sentiment de lassitude exprimé sans détour : « Les discours sans réalisation chaque mandat, en tout cas on ne jette jamais un poussin qui bouge, que des promesses fallacieuses », a tranché un internaute désabusé.

À 92 ans et après 42 années au pouvoir, Paul Biya semble avoir découvert tardivement l'importance des réseaux sociaux comme outil politique. Son investissement soudain dans la sphère numérique contraste avec l'approche adoptée de longue date par ses opposants, qui ont développé une présence digitale significative depuis plusieurs années déjà.

Cette offensive numérique du président intervient alors que le pays fait face à de multiples défis : crise sécuritaire dans les régions anglophones, difficultés économiques, tensions sociales et questionnements sur la transition politique dans un pays dirigé par le même homme depuis 1982.

La réaction épidermique des internautes à ce qui aurait pu paraître comme une simple déclaration consensuelle révèle en réalité la profondeur des fractures qui traversent la société camerounaise à l'approche d'une élection présidentielle qui s'annonce décisive pour l'avenir du pays.

Source: www.camerounweb.com