Le RDPC déjà en mode post-électoral : Biya va gagner, peste Bernard Owona

Paul Biya Et Mvondo Ayolo Image illustrative

Mon, 12 May 2025 Source: www.camerounweb.com

Alors que les tensions entre hauts dignitaires du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) font surface dans l'Extrême-Nord, Bernard Owona, militant du parti présidentiel et analyste politique, livre une lecture sans détour de la situation. Selon lui, ces frictions ne sont que la partie visible d'une lutte d'influence qui anticipe déjà l'après-scrutin présidentiel.

« Lorsqu'on est du RDPC comme moi, nous devons avoir un minimum d'honnêteté intellectuelle pour dire des choses en pensant à demain », a déclaré Bernard Owona lors de l'émission LIBRE EXPRESSION diffusée sur Info TV. Une franchise qui rompt avec la communication habituellement verrouillée du parti au pouvoir.

Pour l'analyste, le conflit qui se joue actuellement dans l'Extrême-Nord dépasse largement la simple question d'organisation d'un meeting politique. « Ce qui se passe dans l'Extrême-Nord est tout simplement un problème de positionnement post-électoral déjà », analyse-t-il, suggérant que les caciques du parti manœuvrent dès à présent pour s'assurer une place de choix dans la future configuration du pouvoir.

Cette analyse intervient dans un contexte où les récentes tensions entre le ministre d'État Jacques Fame Ndongo et le président de l'Assemblée nationale Cavayé Yéguié Djibril ont mis en lumière les fractures au sein même de l'appareil d'État. L'échec du ministre à faire annuler un meeting dans ce qui est considéré comme le fief de Cavayé illustre parfaitement ces jeux d'influence.

L'élément le plus frappant des déclarations de Bernard Owona reste sans doute sa conviction absolue quant à l'issue du prochain scrutin présidentiel. « Les gens voient déjà la pré-élection de Biya puisque Biya va gagner. Comme militant, je peux dire que Biya va gagner et comme journaliste, je peux démontrer que Biya va gagner », affirme-t-il avec assurance.

Cette double casquette revendiquée de militant et de journaliste lui permet d'asseoir son analyse sur ce qu'il considère comme une réalité incontournable : l'implantation territoriale sans égale du RDPC. « Lorsque vous avez les 10 régions, vous voyez le maillage territorial du RDPC, le RDPC est là partout... », poursuit-il, évoquant l'omniprésence du parti présidentiel jusque dans les zones les plus reculées du pays.

Pour de nombreux observateurs, cette confiance affichée repose sur des bases tangibles. Le RDPC dispose en effet d'une infrastructure partisane sans équivalent au Cameroun, avec des sections et sous-sections couvrant l'intégralité du territoire national. Cette organisation, combinée aux moyens considérables dont dispose le parti au pouvoir, constitue un avantage majeur face à une opposition souvent fragmentée.

« Le RDPC n'a pas d'adversaire à sa mesure », confirme un politologue sous couvert d'anonymat. « La question n'est plus de savoir si le président Biya sera réélu, mais plutôt comment se structure déjà le pouvoir autour de lui pour l'après-scrutin ».

Si Bernard Owona se montre serein quant à la victoire du président Biya, ses propos soulèvent néanmoins la question de la cohésion interne du RDPC. Les tensions observées dans l'Extrême-Nord suggèrent que les luttes intestines pourraient fragiliser un édifice politique pourtant solide en apparence.

« Ces positionnements précoces montrent que certains barons du régime pensent déjà à l'après-Biya », analyse un conseiller politique proche du pouvoir. « Même si personne n'ose l'évoquer publiquement, la question de la succession se pose déjà dans les esprits ».

À travers cette sortie médiatique, Bernard Owona adresse également un message aux partenaires internationaux et aux adversaires politiques du RDPC : le parti présidentiel reste maître du jeu électoral au Cameroun, quelles que soient les turbulences internes qui peuvent l'agiter.

Source: www.camerounweb.com