Gouvernance de la FECAFOOT : les voyages d'Eto'o sous le feu des critiques

L'ancien attaquant star des Lions Indomptables, aujourd'hui à la tête de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), voit sa gestion de plus en plus scrutée. En cause : ses multiples déplacements internationaux et apparitions médiatiques, dont les retombées concrètes pour le football camerounais font débat. Tony Franck Ndam, analyste sportif respecté sur la scène nationale, a récemment mis les pieds dans le plat lors d'interventions remarquées . « Chaque jour on te montre sur TikTok, et on te dit : 'Le président de la fédération est ici, il est là-bas, il est dans tel anniversaire.' La plus-value c'est quoi ? », s'est interrogé sans détour le consultant de l'émission Onze entrant, dont les propos ont depuis fait le tour des réseaux sociaux et ravivé un débat latent sur la gouvernance du football camerounais.

L'ancien international camerounais, qui a pris les rênes de la FECAFOOT en décembre 2021, a fait de la visibilité internationale l'une de ses marques de fabrique. Une stratégie qui lui vaut aujourd'hui des critiques cinglantes de la part de certains observateurs, qui estiment que cette omniprésence médiatique ne se traduit pas suffisamment en avancées tangibles pour le football national.

« Est-ce que ça nous a déjà ramené un bon adversaire pour un match amical ou alors un top sponsor étranger pour la fédération ? », poursuit Tony Franck Ndam, touchant du doigt une préoccupation partagée par de nombreux acteurs du milieu : comment transformer ce capital image en ressources et opportunités pour le développement du football camerounais ?

Ces critiques interviennent dans un contexte sportif particulier pour les Lions Indomptables, annoncés au Maroc en juin prochain pour participer à un tournoi amical. Si cette opportunité pourrait constituer une bonne préparation pour les prochaines échéances continentales, certains estiment qu'elle ne répond pas aux ambitions affichées par la direction de la FECAFOOT depuis sa prise de fonction.

La récente nomination de Samuel Eto'o à la présidence de la Commission Technique de développement de la Confédération Africaine de Football (CAF), si elle constitue une reconnaissance de son influence continentale, ajoute également à l'inquiétude de voir le président de la FECAFOOT multiplier les casquettes et les déplacements au détriment potentiel de sa mission première.

L'ancien attaquant de Barcelone et de l'Inter Milan continue de jouir d'un capital sympathie important, particulièrement auprès de la jeunesse camerounaise qui voit en lui un symbole de réussite et de fierté nationale. Cette popularité, construite sur une carrière sportive exceptionnelle, lui a permis jusqu'à présent d'atténuer certaines critiques.

Cependant, les voix comme celle de Tony Franck Ndam rappellent que la gestion d'une fédération sportive nationale ne peut se satisfaire uniquement d'une communication efficace et d'une présence médiatique soutenue. « La popularité ne peut suffire à masquer les attentes en matière de résultats sur le football national », résume un observateur proche du dossier.

Au-delà de la question des déplacements internationaux du président, les défis auxquels fait face le football camerounais demeurent nombreux : formation des jeunes talents, infrastructures sportives, organisation des championnats nationaux, relations avec les clubs locaux...

Autant de chantiers qui nécessitent une présence active sur le terrain national et des compétences de gestion que certains aimeraient voir davantage mises en avant par la direction actuelle de la FECAFOOT.

Face à ces critiques, l'entourage de Samuel Eto'o met en avant les avancées obtenues depuis sa prise de fonction, notamment sur le plan de la visibilité internationale du football camerounais et des relations renforcées avec les instances continentales et mondiales.

« Les voyages du président s'inscrivent dans une stratégie globale de repositionnement du Cameroun sur l'échiquier du football mondial », affirme un proche collaborateur contacté par notre rédaction. « Les résultats de cette approche se mesurent sur le long terme et pas uniquement sur des retombées immédiates. »