Maurice Kamto défié par le régime Biya : un ministre lance un message provocateur au leader du MRC

Mau Kamto Paul Biya Image illustrative

Thu, 15 May 2025 Source: www.camerounweb.com

La tension monte d'un cran dans la perspective de l'élection présidentielle de 2025. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona, a lancé ce jeudi un message direct et sans équivoque à l'endroit de Maurice Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). « Nous serons heureux de l'avoir en face pour lui montrer ce qu'il ne veut pas voir », a déclaré le cadre du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), dans une sortie qui ne laisse planer aucun doute sur la détermination du parti au pouvoir.

Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par d'intenses débats juridiques concernant la candidature de Maurice Kamto, universitaire de renom et ancien ministre devenu principal opposant au régime en place.

Au cœur de la polémique : l'absence du MRC au Parlement et dans les collectivités territoriales décentralisées, conséquence directe de la stratégie de boycott des dernières élections législatives et municipales. Cette situation pourrait, selon plusieurs observateurs et juristes, compromettre sérieusement la recevabilité de la candidature de Maurice Kamto.

Dans son message, Grégoire Owona n'a pas manqué de souligner ce qu'il considère comme une impasse juridique pour le chef de file du MRC : « Maurice KAMTO sait bien que s'il est présenté par le MRC ou le FCC, sa candidature pourrait ne pas être validée malgré le recrutement des élus démissionnaires du SDF auquel il procède depuis quelques jours. »

Selon le ministre, cette stratégie de dernière minute ne suffirait pas à contourner les dispositions légales régissant le processus électoral au Cameroun.

La sortie du ministre fait allusion à des tractations politiques qui seraient actuellement en cours. Maurice Kamto chercherait, selon diverses sources, à s'assurer du soutien d'élus issus d'autres formations politiques de l'opposition, notamment le Social Democratic Front (SDF), pour renforcer sa position face aux exigences du code électoral.

« Il sait bien ce qu'il doit faire s'il veut faire valider sa candidature : Des partis attendent pour cela », a ajouté Grégoire Owona, suggérant que le leader du MRC pourrait être contraint de se faire investir par une autre formation politique disposant de la représentativité requise.

Le ton particulièrement provocateur adopté par le ministre du Travail révèle une crispation croissante au sein de la classe politique camerounaise. « Les Camerounais ne descendront pas dans la rue parce qu'on a rejeté légalement une candidature : ils sauront que vous l'avez cherché ! », a averti Grégoire Owona, faisant implicitement référence aux événements post-électoraux de 2018 qui avaient secoué le pays.

Cette mise en garde traduit la crainte d'une possible contestation populaire en cas de rejet de la candidature de Maurice Kamto, scénario que le gouvernement semble d'ores et déjà préparer sur le plan communicationnel.

La sortie médiatique de Grégoire Owona mérite d'être analysée sous plusieurs angles. D'abord, elle confirme que le pouvoir en place considère Maurice Kamto comme un adversaire de poids, contrairement au discours officiel qui tend souvent à minimiser son importance politique.

La formule « nous serons heureux de l'avoir en face » traduit paradoxalement une forme de reconnaissance de la stature politique de Maurice Kamto. Elle révèle aussi une stratégie délibérée visant à attirer l'opposant sur le terrain électoral, peut-être dans l'espoir de le voir consommer définitivement sa rupture avec les autres forces de l'opposition qui prônent le boycott.

Sur le plan juridique, la question de la recevabilité de la candidature de Maurice Kamto reste complexe. Si le code électoral camerounais exige effectivement une certaine représentativité nationale, l'interprétation de ces dispositions pourrait faire l'objet de débats juridiques intenses dans les semaines à venir.

Le recrutement d'élus démissionnaires d'autres formations politiques, évoqué par le ministre, soulève également des questions éthiques sur la pratique du "nomadisme politique" et la valeur du mandat représentatif dans le système démocratique camerounais.

Enfin, la référence à peine voilée aux risques de troubles sociaux témoigne des tensions latentes qui caractérisent toujours la vie politique camerounaise depuis la présidentielle contestée de 2018.

À six mois de l'échéance présidentielle, cette passe d'armes entre le ministre du Travail et le leader du MRC préfigure une campagne électorale qui s'annonce particulièrement tendue et dont les enjeux dépassent largement le simple cadre électoral pour toucher aux fondements mêmes du système politique camerounais.

Source: www.camerounweb.com