Révélations exclusives de Jeune Afrique: Colonel Joël Émile Bamkoui , un parcours semé d'ombres et de mystères

Bamkoui J E Colonel Joël Émile Bamkoui : un parcours semé d'ombres et de mystères

Tue, 20 May 2025 Source: www.camerounweb.com

Une récente enquête de Jeune Afrique, publiée le 19 mai 2025 sous la plume de Yves Plumey Bobo, a levé le voile sur la situation du colonel Joël Émile Bamkoui, figure emblématique de l'appareil sécuritaire camerounais, mis à la retraite le 3 avril dernier par décret présidentiel. Ce départ soudain suscite de nombreuses interrogations dans un pays où la retraite des hauts gradés dissimule souvent une disgrâce politique.

C'est par un décret signé à Mvomeka'a et acheminé par hélicoptère à Yaoundé que le colonel Bamkoui a appris la fin de ses fonctions à la tête de la Sécurité militaire (Semil), qu'il dirigeait depuis 2016. La nouvelle, annoncée sur les ondes de la CRTV, a surpris les observateurs de la vie politique camerounaise. Selon Jeune Afrique, rien ne laissait présager cette éviction, puisque la veille encore, l'officier participait à une cérémonie officielle aux côtés du ministre délégué à la Défense, Joseph Beti Assomo.

Sollicité au lendemain de l'annonce par le magazine panafricain, l'intéressé s'est refusé à tout commentaire, déclarant simplement ne pas vouloir "alimenter la polémique". Cette discrétion tranche avec les rumeurs qui ont immédiatement circulé, évoquant notamment une convocation au secrétariat d'État à la Défense et une possible interdiction de sortie du territoire – informations démenties par le principal concerné auprès de Jeune Afrique.

L'article de Jeune Afrique rappelle opportunément que la carrière du colonel Bamkoui aurait pu s'arrêter bien plus tôt. En novembre 2009, alors commandant de la légion de gendarmerie du Littoral à Douala, il avait tiré quatorze balles sur l'inspecteur Hervé Michel Ndjifon Mapouro, surpris en situation compromettante avec son épouse. Malgré la gravité des faits et les réquisitions du commissaire du gouvernement qui réclamait la réclusion criminelle à perpétuité, Bamkoui n'avait passé que huit jours en détention.

Après un passage à Bafoussam interprété par certains comme un exil, par d'autres comme une réhabilitation, il avait finalement pris les rênes de la Semil en 2016. À ce poste stratégique, il s'est illustré par des méthodes réputées dures, notamment dans la surveillance de personnalités de l'opposition et de la diaspora.

Le magazine panafricain révèle l'existence d'un rapport du département d'État américain mentionnant son implication présumée dans des actes de torture et de détention arbitraire. Parmi les cas cités figure celui de Sébastien Ebala, arrêté sans mandat en avril 2020 après avoir appelé à manifester contre le président Biya. L'universitaire Fridolin Nke, le journaliste Michel Biem Tong et Dieudonné Sidje Kamgang figureraient également sur la liste des victimes présumées.

Le nom du colonel Bamkoui est également associé à la controversée affaire Longuè Longuè, cet artiste qui affirme avoir été torturé par des éléments de la Semil en octobre 2024. Si l'officier a nié toute implication dans ces actes, assurant qu'il se trouvait à l'étranger au moment des faits, cette nouvelle médiatisation aurait-elle précipité sa chute ? L'enquête de Jeune Afrique souligne que le colonel avait pourtant bénéficié en 2023 d'une prolongation exceptionnelle de deux ans au-delà de l'âge réglementaire de départ à la retraite, fixé à 60 ans pour les officiers supérieurs.

Selon certaines sources citées par Jeune Afrique, cette mise à l'écart s'inscrirait davantage dans les luttes intestines qui secouent le pouvoir camerounais. La Semil, tout comme la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) dirigée par Léopold Maxime Eko Eko – actuellement incarcéré dans l'affaire Martinez Zogo – jouerait un rôle central dans ces manœuvres préparant la succession de Paul Biya.

L'article fait notamment état de tensions survenues en 2024 entre le colonel Bamkoui et Ferdinand Ngoh Ngoh, puissant secrétaire général de la présidence. Ces relations détériorées pourraient-elles expliquer la mise à la retraite de l'officier ?

À Yaoundé, beaucoup s'interrogent désormais sur l'avenir de celui qui a longtemps été l'un des hommes forts du régime. Cette retraite marque-t-elle la fin définitive de sa carrière ou n'est-elle qu'une parenthèse ? Comme le souligne justement Jeune Afrique, dans un pays dirigé depuis 1982 par le même homme, seul Paul Biya détient les clés de cette énigme.

Source: www.camerounweb.com