Les accusations sont très graves : Elecam comité de base du RDPC

Rdpc Nord Cameroun3 Image illustrative

Thu, 19 Jun 2025 Source: www.camerounweb.com

À quatre mois de la présidentielle, l'activiste politique dénonce un système électoral biaisé et révèle les dessous du financement des candidatures

La controverse enfle autour d'Elections Cameroon (Elecam) à l'approche du scrutin présidentiel d'octobre. Dans un entretien exclusif accordé à Deutsche Welle, l'activiste politique Henriette Ekwe livre une analyse sans concession du système électoral camerounais, accusant directement l'organe de gestion des élections de partialité.

« Elecam est un comité de base du RDPC », assène Henriette Ekwe, portant un coup direct à la crédibilité de l'institution censée garantir la transparence du scrutin. Cette déclaration fracassante intervient dans un contexte pré-électoral déjà tendu, où une vingtaine de candidats se sont déclarés face à un Paul Biya silencieux, âgé de 92 ans et fort de 43 années au pouvoir.

L'activiste ne s'arrête pas là et dénonce le processus de nomination au sein d'Elecam : « C'est le président Biya qui a nommé tout le monde ». Cette accusation soulève des questions fondamentales sur l'indépendance réelle de l'organe électoral, pilier de la démocratie camerounaise.

Henriette Ekwe révèle un aspect méconnu du système électoral camerounais : son caractère censitaire. « Au Cameroun, le vote est censitaire. Cela veut dire que ce sont les citoyens qui ont l'argent qui peuvent être candidats. Les pauvres n'ont qu'un droit : c'est d'aller voter ces gens-là », explique-t-elle avec amertume.

Le montant requis pour se porter candidat – 30 millions de francs CFA – constitue selon elle un véritable verrou démocratique. « Tu vas les trouver où ? », s'interroge l'activiste, pointant du doigt l'impossibilité pour les candidats sans moyens financiers d'accéder à la course présidentielle.

Plus grave encore, Henriette Ekwe dévoile les mécanismes de contrôle qui s'exercent sur les candidats. Contraints de faire appel à l'État pour financer leur campagne, ces derniers se retrouvent piégés dans un système de dépendance.

« Les candidats sont obligés de faire appel à l'État, c'est-à-dire à la présidence », révèle-t-elle, avant de décrire le chantage qui s'ensuit : « On va voir si on peut te donner ceci à une condition : il faut qu'à 20h00, tu reconnaisses que les urnes ont parlé, que c'est lui le vainqueur ».

Ces révélations d'Henriette Ekwe dessinent le portrait d'un système électoral verrouillé, où l'issue du scrutin semble déterminée à l'avance. Sa prédiction est sans appel : Paul Biya « ne va pas être élu parce qu'il a remporté des suffrages. Il va être élu parce qu'Elecam est un élément important qui détourne tout ».

Dans ce contexte, la question de la légitimité du futur scrutin se pose avec acuité. Les accusations d'Henriette Ekwe, bien que graves, reflètent les préoccupations d'une partie de la société civile camerounaise qui doute de la sincérité du processus électoral.

Source: www.camerounweb.com