Nommé le 5 avril 2025 par décret présidentiel, le colonel Pacifique Melingui Nkolo incarne le renouvellement d'une génération d'officiers dans l'appareil sécuritaire camerounais. Selon l'enquête approfondie de Jeune Afrique, ce natif de Bengbis (région du Sud) succède à Joël Émile Bamkoui, figure controversée admise à la retraite après des années de gestion critiquée. Résidant aujourd'hui à Messassi, quartier huppé de Yaoundé, Melingui Nkolo partage les origines méridionales du président Paul Biya, un atout dans un pays où l'équilibre régional demeure crucial. L'investigation de Jeune Afrique révèle qu'il est épaulé par le lieutenant-colonel Charles Bitaka comme adjoint dans cette mission de restauration de la crédibilité de la Semil.
Jeune Afrique a établi le profil d'un officier aux solides qualifications académiques et opérationnelles. Diplômé de l'École militaire interarmées (Emia) de Yaoundé, comme une grande partie de l'élite militaire camerounaise, il a ensuite obtenu en 2021 un Brevet d'études supérieures de sécurité à l'École internationale des forces de sécurité. Cette formation, révèle Jeune Afrique, couvre des domaines stratégiques comme la cyberdéfense et la planification interarmées, réalisée en collaboration avec Francopol. Son passage comme inspecteur général de la Gendarmerie nationale, où il était chargé du contrôle et de l'audit des unités, lui confère une connaissance approfondie des rouages internes de l'appareil sécuritaire.
Contrairement à son prédécesseur réputé pour ses méthodes de terrain redoutées, Jeune Afrique souligne que Melingui Nkolo présente un profil davantage administratif. Surnommé "Monsieur Propre" dans les milieux sécuritaires, il jouit d'une réputation d'intégrité et de rigueur qui lui a valu d'être récemment saisi par des habitants de Sangmelima dénonçant des abus de la Semil. L'enquête de Jeune Afrique révèle également un aspect méconnu de sa personnalité : ancien président du club FAP FC (Forces armées et police), il avait déposé un recours pour faux et usage de faux concernant un joueur évoluant sous deux identités différentes. Homme de l'ombre par excellence, seule une photo de lui circule sur les réseaux sociaux, contrastant avec l'exposition médiatique de son prédécesseur.
Le nouveau patron de la Semil hérite d'un contexte sécuritaire particulièrement tendu, comme le détaille Jeune Afrique : insécurité persistante dans les régions anglophones, menaces de Boko Haram dans l'Extrême-Nord, et climat préélectoral bouillonnant à l'approche de la présidentielle de 2025. Jeune Afrique note que la coordination avec les autres services de sécurité s'annonce cruciale, d'autant que sous Bamkoui, la Semil avait largement dépassé ses prérogatives de police militaire. Cette nomination représente un pari sur la capacité de Melingui Nkolo à restaurer l'image d'une institution controversée tout en maintenant l'efficacité opérationnelle dans un environnement sécuritaire complexe.