REVELATION: comment les proches de Paul Biya se disputent l'El Dorado camerounais

Chantal Franck Biya Image illustrative

Tue, 1 Jul 2025 Source: www.camerounweb.com

Selon une enquête exclusive de Jeune Afrique, la mine d'or de Colomine fait l'objet d'une guerre souterraine entre les réseaux familiaux du président camerounais.

Dans les entrailles de la forêt camerounaise, près du village de Colomine dans la région de l'Est, se cache ce que les habitants appellent leur "El Dorado". Cette zone aurifère de 300 kilomètres carrés fait l'objet d'une bataille féroce entre les proches du président Paul Biya, révèle une enquête exclusive de Jeune Afrique publiée ce 1er juillet 2025.

L'enquête du magazine panafricain dévoile comment cette mine cristallise les tensions au sommet de l'État. D'un côté, Bonaventure Mvondo Assam, surnommé "Bonivan", fils de Benoît Mvondo Assam, frère du chef de l'État. De l'autre, Franck Biya, le fils du président, et ses alliés Ghislain Samou Nguewo et Christian Mataga, fils de l'ancien directeur du cabinet civil présidentiel Philippe Mataga.

Selon les révélations de Jeune Afrique, cette guerre a pris une dimension personnelle explosive : Franck Biya est aujourd'hui marié à l'ex-épouse de Bonaventure Mvondo Assam, Élise Azar, ancienne amie de la première dame Chantal Biya. "Le bras de fer n'est pas passé inaperçu", note l'enquête du magazine.

L'investigation de Jeune Afrique révèle comment le clan Mvondo Assam a réussi à récupérer le permis de Colomine en 2017, évinçant l'ancien ministre des Mines Badel Ndanga Ndinga et son épouse Marie Gisèle Minlo Momo. La bataille judiciaire, qui a duré des mois entre Bertoua et Yaoundé, illustre les méthodes utilisées par les réseaux présidentiels pour contrôler les ressources du pays.

Selon Jeune Afrique, Badel Ndanga Ndinga avait même sollicité par courrier le secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh pour sauver les intérêts de sa société Gold Label Mining, mais en vain. Le document, reproduit par le magazine, atteste de ces tractations au plus haut niveau.

L'enquête de Jeune Afrique révèle un "jeu de dupes" édifiant. Alors que Codias SA, la société de "Bonivan", s'était engagée en 2019 à produire 500 kilogrammes d'or dès la première année et créer 2 000 emplois, le dernier rapport du ministère des Mines cité par le magazine montre que l'entreprise n'emploie qu'une centaine de personnes.

"Sur le terrain, rien n'a changé", confie à Jeune Afrique un activiste ayant enquêté sur le secteur minier. "Ce sont des opérateurs chinois qui continuent d'exploiter l'or, sans forcément respecter les réglementations et les normes environnementales", révèle un spécialiste interrogé par le magazine.

Jeune Afrique dévoile une stratégie d'encerclement subtile : au moins trois sociétés chinoises sans contact électronique détiennent des permis autour de Colomine - Tian Xiang SARL, Superland Sasu et Fenghua Mining SARL. "Si elles débordent sur Colomine et ont les complices qu'il faut, qui pourra les stopper ?", s'interroge une source de la société civile citée par l'enquête.

Cette révélation de Jeune Afrique met en lumière comment les intérêts chinois s'organisent autour des gisements les plus prometteurs, avec la complicité de réseaux camerounais bien placés. La loi de 2016 imposant 35% de participation nationale n'a été qu'un écran de fumée, selon les sources du magazine.

À quatre mois de la présidentielle, ces révélations de Jeune Afrique éclairent d'un jour nouveau les enjeux financiers qui sous-tendent les rivalités au sommet de l'État camerounais.

Source: www.camerounweb.com