Alors que le Président Paul Biya se prépare à briguer un huitième mandat présidentiel, cette annonce suscite des réactions presque désobligeantes au sein de la presse internationale. Le 15 juillet 2025, la revue de presse de France 24 a dévoilé la position critique de journaux burkinabè face à cette nouvelle candidature.
À 92 ans, Paul Biya s'apprête à franchir un nouveau cap dans sa longue carrière politique en briguant un huitième mandat présidentiel. Cette perspective, qui ferait de lui l'un des dirigeants les plus âgés au monde encore en exercice, ne laisse pas indifférente la presse africaine, qui multiplie les commentaires acerbes et les formules choc pour décrire cette situation inédite.
Le quotidien « Le Pays » du Burkina Faso prévient d'ores et déjà qu'il ne faut « pas rêver d'une alternance démocratique au Cameroun du vivant de Paul Biya ». Le journal estime que le système électoral est « verrouillé de l'intérieur », allant jusqu'à ironiser : « On a comme l'impression que Paul Biya a fermé la porte et avalé la clé de l'alternance et qu'aucun laxatif ne permet de la sortir de ses entrailles ».
Cette formule choc, aussi imagée que provocante, entend résumer ce qui apparaît comme un « blocage politique » que de nombreux observateurs dénoncent au Cameroun. L'humour devient ainsi une arme face à l'immobilisme du pouvoir, traduisant l'exaspération de certains médias africains face à la longévité du régime camerounais.
Dans la même veine, « Waket Séra », journal burkinabè en ligne à caractère panafricain, a titré avec force : « Paul Biya, maintenant et toujours ». Cette référence à peine voilée au slogan franquiste souligne l'ironie de la situation d'un dirigeant qui semble défier le temps et les conventions démocratiques.
Le journal souligne que « l'inoxydable président de 92 ans que les règnes interminables sont sources de frustrations diverses et débouchent sur le chaos, ou à tout le moins sur des incertitudes et des remous sociaux difficiles à apaiser ». Cette analyse met en lumière les risques potentiels d'une telle longévité au pouvoir pour la stabilité du pays.
Ces analyses de la presse ouest-africaine traduisent une inquiétude partagée face à l'absence de perspective d'alternance et les risques potentiels d'instabilité liés à la durée du pouvoir. Les journalistes burkinabè, issus d'un pays qui a connu plusieurs transitions politiques récentes, observent avec un regard critique cette situation camerounaise.
L'ironie utilisée par ces médias révèle également une certaine lassitude face à un phénomène qui dépasse les frontières du Cameroun : la tendance de certains dirigeants africains à s'éterniser au pouvoir, défiant ainsi les principes démocratiques d'alternance.
Avec une présence au pouvoir depuis 1982, Paul Biya détient déjà le record du plus long règne parmi les dirigeants africains actuels. Sa candidature à 92 ans pour un huitième mandat suscite des questionnements sur la capacité physique et mentale d'un nonagénaire à diriger un pays de plus de 27 millions d'habitants.
Cette situation unique sur l'échiquier politique mondial ne manque pas d'alimenter les débats sur les limites d'âge et de mandats dans les systèmes politiques africains. Les médias internationaux s'interrogent sur les mécanismes qui permettent une telle longévité politique dans un contexte démocratique.
L'usage de l'humour et de l'ironie par la presse burkinabè illustre une stratégie narrative face à une situation politique jugée anachronique. Ces formules choc, si elles peuvent prêter à sourire, révèlent en réalité une préoccupation sérieuse concernant l'état de la démocratie au Cameroun.
Cette approche satirique permet aux médias africains d'exprimer leur critique tout en évitant la confrontation directe, utilisant le second degré comme un moyen de contournement diplomatique tout en marquant leur désapprobation.
Ces commentaires de la presse ouest-africaine risquent de ternir davantage l'image du Cameroun sur la scène internationale. Ils s'ajoutent aux critiques déjà formulées par diverses organisations internationales concernant la situation démocratique du pays.
Pour le pouvoir camerounais, ces réactions constituent un défi supplémentaire dans la gestion de son image continentale, particulièrement dans un contexte où le pays aspire à jouer un rôle de leader en Afrique centrale.
L'élection présidentielle d'octobre 2025 s'annonce ainsi sous le regard attentif et critique de la presse africaine, qui ne manquera pas de scruter les modalités de ce scrutin historique.