« 8 décembre 2016. Bamenda, Foncha Street. Le soleil de la saison sèche déjà bien entamée darde ses rayons sur le chef-lieu de la région du Nord-Ouest, grouillante en milieu de matinée. Grouillante et agitée : depuis quelques semaines, les étudiants, surtout, et les jeunes désœuvrés font face aux forces de l’ordre, dans des manifestations où Bamenda la frondeuse réclame à « la répoublique », nom péjoratif donné à tout ce qui tient du pouvoir central de Yaoundé, une énième chose que Yaoundé-la-capitale ne concède pas. Ici, protester est une seconde nature et on croit que, business as usual, les choses vont se tasser. Puis, la tension monte et l’un des gendarmes de la barricade ouvre le feu de sa Kalachnikov, presque à bout portant, sur l’un des manifestants. La balle de calibre 7,62 mm est impitoyable pour le jeune en face : entrée par un tout petit trou de l’abdomen, elle lui arrache tous les organes internes qui pendouillent, sanguinolents, dans ce qui fut son dos. Akum Julius, 26 ans, devait achever, quelques mois plus tard, ses études d’ingénieur en production animale au College of Technology de l’université de Bamenda.
Il y était enregistré sous le matricule UBa15P131. La patrouille de gendarmes ayant constaté l’énormité de ce qui était arrivé, remonte dans ses camions, sous les huées rageuses de la foule. Les jeunes manifestants, nullement impressionnés, prennent le corps déchiqueté de leur camarade, l’installent sur un pousse-pousse et font le tour des rues où la colère monte et monte encore. Akum Julius était un nourrisson de 3 mois lorsque, le 26 mai 1990, des gendarmes avaient tué par balles six personnes, non loin de là, lors de la création du SDF .
Dans un scénario dantesque, mais identique, des manifestants désarmés avaient fait face à des forces de l’ordre pourvues de fusils automatiques, chargeurs engagés. Sur le passage des jeunes manifestants, tout ce qui a trait au pouvoir de Yaoundé est balayé et ils foncent sur les forces de l’ordre aux barrages suivants. Les jeunes, qui sont retournés dans leurs maisons récupérer les fusils traditionnels de traite de leurs parents et des machettes, ont pris la décision d’affronter, d’homme à homme, les gendarmes, militaires, policiers et toutes autres forces de la République. Le conflit armé dans les régions anglophones du Cameroun venait de commencer.
Sept ans plus tard, on estime à près de 5 000, le nombre des morts de cette guerre où insurgés, populations, militaires, gendarmes, policiers et même autorités administratives et politiques ont laissé leur vie. Dans ces deux régions, rien n’a plus jamais été comme avant. La suite en lisant « les années BIYA » Yaoundé : Librairie des peuples noirs. Siège Le Jour. Douala : Libraire professionnelle ( à l’angle de la station golfin à bali douala) En ligne sur Amazon. https://www.amazon.fr/dp/9956267899 https://www.amazon.com/dp/9956267899 La terre est sale ! Si è ne mvit ! Ngo Bagdeu ! Arol KETCH – 21.07.2025 Rat des archives